Les enregistrements de conversations entre Jérôme Kerviel et plusieurs de ses supérieurs hiérarchiques en janvier 2008 après la découverte des engagements colossaux qu'ils avaient pris n'ont pas été expurgés, a conclu une expertise réalisée à la demande du juge Roger Le Loire, ont indiqué jeudi à l'AFP des sources concordantes.

Ces enregistrements étaient visés par la plainte de Jérôme Kerviel pour « faux et usage de faux », transmise en juin 2013. Une enquête a été ouverte de ces chefs et d'« escroquerie au jugement », puis confiée au juge d'instruction Roger Le Loire en juin 2014.

Après avoir découvert, selon la banque, que Jérôme Kerviel avait nettement outrepassé son mandat et pris des engagements colossaux, les dirigeants de Société Générale l'ont convoqué, samedi 19 janvier 2008. Il a été interrogé plusieurs heures ce jour-là et le lendemain par plusieurs cadres de l'établissement, qui ont pu établir que les engagements atteignaient 50 milliards d'euros. Les propos tenus lors de ces entretiens ont été enregistrés. Les bandes ont ensuite été versées au dossier d'instruction.

Enregistrements « trafiqués » ?

Le conseil de l'ancien trader, Me David Koubbi, a affirmé qu'elles avaient été « trafiquées », s'appuyant notamment sur une expertise réalisée à sa demande par une société spécialisée. Mais l'expertise ordonnée par le juge Roger Le Loire conclut que ces enregistrements n'ont pas été expurgés ou modifiés. Sollicité par l'AFP, Me Koubbi n'a pas donné suite.

« Société Générale n'a pas accès à cette information », a indiqué la banque dans une réaction transmise à l'AFP. « Cette nouvelle expertise confirmerait ainsi que ces bandes n'ont jamais été falsifiées malgré les accusations de M. Kerviel. Ce serait en phase avec ce que nous avons toujours dit et avec les conclusions de l'expertise déjà réalisée pendant le procès en appel », a ajouté Société Générale.

Le dossier Kerviel a récemment connu un nouveau développement après la publication d'extraits de l'audition de l'ancienne policière chargée de l'enquête. Pour elle, « la hiérarchie de Jérôme Kerviel ne pouvait ignorer les positions (qu'il avait) prises ». L'ancien opérateur de marché, aujourd'hui âgé de 38 ans, a saisi, en mai, la commission d'instruction de la Cour de révision et de réexamen des condamnations pénales, première étape vers l'éventuelle annulation de sa condamnation à cinq années d'emprisonnement, dont trois ferme, et la possible tenue d'un nouveau procès. Libéré en septembre 2014 après 112 jours de détention, il purge sous bracelet électronique le solde de sa peine. Ce bracelet doit lui être retiré vendredi.