La Centrale de Financement est l’une des toutes dernières enseignes à avoir débarqué sur le marché du courtage en crédit immobilier. Avec de fortes ambitions, et un actionnaire de poids (la famille Pinault). Entretien avec Sylvain Lefèvre, président de ce réseau en plein développement.

Premiers signes d’une remontée des taux d’intérêts, surcharge des banques dans le traitement des dossiers… Ca bouge beaucoup sur le marché du crédit immobilier en ce moment… Quel est votre ressenti de professionnel du secteur ?

« La situation n’est pas simple ! Effectivement il y a eu des remontées de taux dernièrement. Nous tablons néanmoins sur une relative stabilité de ce côté pour le second semestre 2015. L’analyse de ces phénomènes est toujours difficile mais en l’état, la situation reste favorable au pouvoir d’achat des Français. Et cette hausse a au moins deux vertus : premièrement, elle incite les candidats à l’achat immobilier à concrétiser leur projet sans plus tarder ! Deuxièmement, elle permet de « calmer » l’afflux des renégociations de prêts. Car, en effet, les banques sont actuellement en surcharge, avec de fortes incidences sur les délais de traitement, qui peuvent être rallongés d’une trentaine de jours ! Une situation qui obère toute capacité d’achat rapide et génère une ambiance délétère dans toute la chaîne des intervenants : particuliers, agences, notaires, courtiers, tout le monde court après les délais… »

Apparue début 2013, la Centrale de Financement est l’une des toutes dernières enseignes de courtage en crédit immobilier ayant une ambition nationale. Pouvez-vous nous en dire un plus sur sa génèse ?

« La Centrale de Financement est née en mars 2013. C’est le fruit de l’association entre Artémis, société d’investissement de la famille Pinault [et actionnaire majoritaire du groupe, NDLR], Philippe Girou, ancien directeur de la franchise et des partenariats chez Meilleurtaux, et moi-même, ex-directeur général de la Cafpi. Soit près de 35 ans d’expérience dans le domaine à nous deux pour, en effet, créer une société de courtage en prêt immobilier à vocation nationale. La première à voir le jour après l’adoption de la réglementation sur les IOBSP [intermédiaire en opérations de banque et en services de paiement, NDLR]. Car c’est l’une des stratégies de la famille Pinault que de veiller et investir de nouveaux marchés en cours de réglementation pour s’y tailler une place de leader. »

Comment vous différenciez-vous sur un marché qui compte déjà un assez grand nombre d’acteurs ayant une envergure ou des prétentions nationales ? Sur la tarification de vos services par exemple ?

« Non, sur nos tarifs, nous sommes dans les canons de la profession : des honoraires facturés au client allant de 0,8% à 1,2% du montant du prêt obtenu et, bien entendu, des commissions versées par les banques, qui sont négociées jusqu’à environ 1%. Notre credo, c’est de financer le plus grand nombre de ménages dans le respect de l’éthique et de la déontologie. Rien de plus normal, me direz-vous, pour une enseigne de courtage ! Néanmoins, parce qu’un crédit immobilier représente souvent un tiers des revenus du ménage, nous avons choisi de faire de l’accompagnement personnalisé et durable de nos client l’un de nos axes majeurs de différenciation. »

Comment cela se traduit concrètement pour vos clients ?

« Par notre engagement de recevoir nos clients une fois par an, après l’obtention du crédit. D’ailleurs nous consacrons 5% de notre chiffre d’affaires afin de développer une masse salariale suffisante pour assurer cette mission d’accueil de nos ''anciens'' clients. Pas forcément dans l’optique de proposer des options de rachat de crédit, mais parce que, 5 ans après l’obtention d’un crédit immobilier, la situation d’un ménage peut être profondément modifiée. Et dans ces conditions, il nous semble tout aussi important de réexaminer le niveau de couverture de l’assurance emprunteur, d’éventuellement suggérer de réajuster les quotités en fonction de la nouvelle situation du ménage, etc. »

En un peu plus de 2 ans, une soixantaine d’agences portent votre enseigne. Quels objectifs de développement vous êtes-vous fixés ? Par quel moyen assurer ce développement ?

« Nous envisageons de croître sereinement pour passer à 80 agences d’ici la fin d’année et atteindre environ 150 points de vente à un horizon 3-4 ans. Le nombre n’est pas un objectif en soi. C’est plutôt le souci d’être présents sur tout le territoire et dans toutes les villes de taille suffisante. Au-delà de la croissance organique, nous ne nous interdisons pas d’éventuels rachats, y compris de réseaux existants. Les choses bougent dans le secteur en ce moment et ça va encore bouger dans les prochains mois, au détriment, notamment des petits courtiers indépendants… Les banques démandatent de plus en plus, et la régulation du métier s’accroît (150 inspecteurs sont en cours de recrutement à l’ACPR !). A terme, il ne restera qu’une petite dizaine de réseaux nationaux et quelques gros acteurs régionaux sur le marché. »

En termes de volumes de crédits générés, comment évolue votre activité ?

« En 2014, nous avions dépassé le milliard d’euros de crédits immobiliers, avec une faible proportion de rachats par rapport à nos concurrents, du fait notamment de la jeunesse de notre enseigne. Sur 2015, nous en sommes déjà à plus de 700 millions. »

Cette année, vous avez innové en annonçant un partenariat avec Bouygues Immobilier. Qu’attendez-vous de cette opération ?

« Oui, ce type de partenariat est une vraie première sur le secteur. Il est un peu tôt pour en tirer un bilan, puisque l’opération n’a débuté qu’en mai dernier et que la campagne de communication nationale n’a été lancée que depuis peu. Néanmoins, ce partenariat permet à Bouygues Immobilier d’apporter un service supplémentaire de conseil bien en amont du processus d’acquisition et permet aux clients de bien cibler leur capacité d’achat. Pour nous, l’enjeu est important, que ce soit sur l’apport de nouveaux clients ou sur celui de la notoriété et de la crédibilité. Pour ce partenariat, Bouygues Immobilier a été particulièrement sensible à nos engagements éthiques. »