Les fonds non risqués de l’assurance-vie sont rémunérés à 2,5% en moyenne ? Ce taux cache de grands écarts : selon les types de fonds en euros, selon le distributeur du contrat ou selon son positionnement plus ou moins haut de gamme. Bref, les 52 millions de contrats individuels d’assurance-vie ne sont pas tous logés à la même enseigne. Zoom sur ces écarts de rémunération, catégorie par catégorie.

Les assurances mieux que les banques

Le régulateur de la banque et de l’assurance, l’ACPR, a donc estimé à 2,54% la rémunération moyenne de l’assurance-vie en euros en 2014 (1), net de frais de gestion. Cette autorité a aussi élaboré un rendement moyen pour chacune des deux familles qui dominent le marché : les contrats bancaires d’un côté, les contrats d’assureurs plus traditionnels de l’autre.

Résultat : 2,80% pour les compagnies d’assurance traditionnelles. Et 2,38% en 2014 pour les contrats bancaires, l’ACPR intégrant dans cette catégorie (« bancassureurs ») les organismes d'assurance liés financièrement à un groupe bancaire (2). L’écart est donc de 0,42 point entre ces deux grandes familles, et il a grandi puisqu’il était de 0,30 point en 2013 (contrats bancaires rémunérés 2,68% contre 2,98% pour les autres) comme en 2012. Or ces « bancassureurs », liés à un groupe bancaire, représentent plus de 61% du marché, en termes de montant d’épargne gérée.

Courtiers et mutuelles devant tout le monde

Vendredi dernier, deux rapports denses sur les rémunérations ont été publié : un premier par l’ACPR, donc, un second par le cabinet conseil en assurance Facts & Figures. Ce dernier a une méthodologie propre et des résultats légèrement différents de l’étude ACPR mais les deux rapports se rejoignent sur l’écart de rémunération entre les contrats bancaires et les autres. Facts & Figures va même plus loin en classant les contrats selon le mode de distribution : par les banques, par les agents généraux et le réseau interne d’une compagnie d’assurance, par des courtiers, distributeurs internet et conseillers en gestion de patrimoine indépendants (CGPI), ou par les mutuelles (3).

Les rendements baissent en 2014 pour toutes ces catégories. Si les fonds en euros des contrats des « bancassureurs » sont sans surprise derniers de la classe, ceux proposés par les réseaux d’assurance rapportent 2,84% pour l’année 2014, ceux des divers courtiers (CGPI, internet, etc.) 2,80%, et ceux des mutuelles 2,63% selon Facts & Figures. A noter : si les pertes de rémunération sont relativement similaires pour ces différentes catégories, les fonds en euros des courtiers étaient les mieux rémunérés de 2010 à 2013, devant ceux des réseaux d’assurance. L’ordre s’est inversé en 2014.

La clientèle « standard » moins bien lotie

Seulement 11% des organismes analysés par l’ACPR rémunèrent au même taux le fonds euros de tous leurs contrats. Et cette proportion tourne à l’infime (0,26%) lorsque l’Autorité mesure ce que ces mêmes contrats rémunérés de façon égalitariste pèsent dans l’ensemble de l’épargne en assurance-vie individuelle.

Pour mesurer les écarts de rémunération selon la gamme de contrat, le cabinet Facts & Figures segmente la clientèle assurance-vie en trois grandes catégories :

  • « standard » (clientèle aux revenus moyens ou modestes et avec des contrats d’assurance-vie relativement simples) ;
  • « patrimoniale » (clientèle avec un patrimoine ou ayant des revenus permettant d’en constituer un) ;
  • « gestion privée » (clientèle aisée ou très aisée).

La catégorie « standard » est la moins bien servie en terme de rémunération (2,31% en moyenne en 2014), car les contrats de cette gamme sont aussi les moins garnis. Les fonds euros classiques des contrats patrimoniaux sont rémunérés à 2,67% en moyenne.

Résultat : l'écart est de près d'un point lorsque l'on compare la rémunération des contrats bancaires « standards » (2,15%), donc en entrée et moyenne gamme, et les contrats « patrimoniaux » des mutuelles (3,10%), des réseaux d’assurance (3,06%) et, dans un moindre mesure, des courtiers (2,84%).

Les fonds immobiliers mieux que les dynamiques

A l’intérieur d’un même contrat d’assurance-vie, plusieurs fonds en euros sont parfois disponibles : en général un fonds « classique » et un second au rendement potentiellement supérieur. Ce dernier est alors soit à dominante immobilière, soit « dynamique », avec une part d’actions supérieure à la moyenne.

Les fonds en euros classiques ont selon Facts & Figures été rémunérés à 2,48% en 2014, les « dynamiques » à 2,88% et les « immobiliers » à 3,62%. Ces derniers sont clairement les plus réguliers et les plus rémunérateurs ces dernières années, puisque les fonds dynamiques ont un rendement logiquement plus volatil (3,93% en 2012 mais 2,16% en 2011).

Les nouveaux contrats mieux que les anciens

La politique de certains assureurs est parfois pointée en ce qui concerne les « vieux » contrats, dont les fonds en euros sont moins bien rémunérés que les plus récents. Le régulateur banque-assurance livre des statistiques permettant de comparer les contrats récents avec les assurances-vie qui ne sont plus commercialisées. Bilan : 2,57% pour les contrats en cours de commercialisation, 2,51% pour les contrats fermés à la souscription. Une différence finalement assez faible, même si elle est probablement minorée par l'existence de taux garantis élevés sur d'anciens contrats.

(1) Etude portant sur les seuls contrats individuels d’assurance-vie, les contrats collectifs faisant l’objet d’une étude à part mais ces derniers ne représentent que 8% du marché selon l’ACPR.

(2) L’ACPR inclut notamment dans les « bancassureurs » CNP assurances, qui gère les contrats disponibles à la Caisse d’Epargne et à la Banque Postale, et dont l’actionnaire principal est la Caisse des dépôts.

(3) Dans le baromètre 2015 de l’épargne-vie individuelle de Facts & Figures, les mutuelles s'entendent comme les filiales d’assurance-vie de mutuelles sans intermédiaires (Maif, Macif, etc.) ainsi que comme les mutuelles régies par le livre II du code de la mutualité, à l'image de la MIF par exemple.