Discuter à bâtons rompus avec un notaire dans un café et être conseillé gratuitement sur une succession ou un contrat de mariage, c'est ce que permet « le conseil du coin », une initiative originale menée dans plus d'une centaine de villes.

Depuis janvier, le premier samedi matin du mois, des notaires s'installent dans des cafés pour « promouvoir l'accès au droit pour tous et partout en France », explique Vincent Chauveau, notaire à Savenay (Loire-Atlantique), à l'origine de l'évènement. Après avoir démarré dans douze villes, le « conseil du coin » s'est étendu à 64 agglomérations dès février, et le 6 juin ce sont quelque 480 notaires qui s'attableront dans 120 cafés, dans plus d'une centaine de villes.

« Tout est né d'une conversation sur twitter avec l'écrivain Alexandre Jardin, après la manifestation des notaires du 10 décembre dernier », rapporte M. Chauveau à l'AFP. Les notaires protestaient contre le projet de loi Macron - de retour le 16 juin à l'Assemblée - qui vise à libéraliser les conditions d'installation et les tarifs des professions juridiques réglementées. « Il m'a dit : « Votre message n'est pas clair ». Je lui ai expliqué que le conseil gratuit, nous en faisons tous les jours dans nos études, et il m'a répondu « Allez dans des cafés ! » », relate le professionnel de 39 ans, notaire depuis huit ans.

« La conversation est plus facile »

Après 24 heures de réflexion, M. Chauveau dit « banco » et soumet le projet à ses instances professionnelles, qui bien que frileuses, ne s'y opposent pas. En revanche l'initiative, annoncée dans un tweet, séduit d'emblée une quarantaine de confrères, de plus en plus nombreux et fidèles au rendez-vous depuis. « Quand on prend du temps sur sa vie privée pour servir les autres, on est dans l'altruisme et on se prend au jeu : les gens sont reconnaissants, ils nous disent 'merci', ce qu'ils ne font pas forcément au cabinet », dit M. Chauveau. « La conversation est plus facile quand il n'y a pas la distance d'un bureau entre eux et nous », selon lui.

Le « conseil du coin » attire des particuliers qui s'interrogent sur la rédaction d'un testament, la transmission de biens à ses enfants, ou encore la gestion du patrimoine de parents âgés « qu'il faut mettre en curatelle, et dont il faut payer la maison de retraite », relate-t-il. Les adresses des cafés sont consultables en ligne, sur conseilducoin.fr