Les tarifs bancaires sont extrêmement élevés en outre-mer. C’est le constat de l’Observatoire des tarifs bancaires de la Banque de France, même si l’écart avec la métropole se réduit à force de pression des pouvoirs publics. Le dernier relevé de l’observatoire des tarifs en outre-mer réserve toutefois une surprise : la politique tarifaire très accessible de la Banque Postale, et surtout du Crédit Agricole de la Réunion.

Le Journal de l’île a annoncé début mai sur son site Clicanoo que le Crédit Agricole est la « banque la moins chère de la Réunion », en se basant sur le relevé de l’observatoire de tarifs bancaires de l’IEDOM (1) au 1er avril 2015. Un constat partagé par notre classement : le Crédit Agricole La Réunion apparaît contre toute attente en dixième position dans le palmarès cBanque des banques les moins chères de France, alors que les autres établissements d’outre-mer figurent plutôt en queue de peloton.

Le classement établi par Le Journal de l’île a toutefois l’inconvénient d’additionner des tarifs annuels, mensuels et par opération, reconnaissant que « ces chiffres doivent être maniés avec précaution ». Afin de comparer les tarifs des différents établissements listés par l’observatoire des tarifs outre-mer, nous avons réalisé sur cette même base un scénario très simplifié (2) avec sept opérations bancaires courantes (frais de tenue de compte, gestion par internet, virements, prélèvements et retraits réguliers, carte bancaire, etc.) sur un an.

Les résultats confirment le positionnement tarifaire très accessible du Crédit Agricole de la Réunion, et ce même en élargissant la comparaison aux cinq départements et régions d’outre-mer (DROM). Cette caisse se distingue notamment par l'absence de facturation de frais de tenue de compte courant.

Attention : ce scénario ne prend pas en compte les packages tarifaires proposés par les établissements traditionnels. Toutefois, ce relevé, même partiel, permet de mettre en valeur la politique égalitariste de la Banque Postale, avec un même tarif appliqué dans tous les DROM. La conclusion est sensiblement la même pour la Bred, même si cette Banque Populaire applique des frais de tenue de compte supérieurs dans les îles des Antilles et en Guyane, ce qui explique l’écart constaté avec cette simulation.

Les banques à La Réunion

  1. Crédit Agricole de la Réunion : 59 euros
  2. Banque Postale : 64,70 euros
  3. Bred : 82,40 euros
  4. BFC Océan Indien (groupe Société Générale) : 87,25 euros
  5. Banque de la Réunion (groupe BPCE) : 89 euros
  6. BNP Paribas La Réunion : 98,48 euros
  7. Caisse d’Epargne Provence-Alpes-Corse : 123,30 euros
  8. Caisse régionale du Crédit Maritime mutuel d’outre-mer : 129,76 euros (*)

Les banques à Mayotte

  1. Crédit Agricole de la Réunion : 59 euros
  2. Banque Postale : 64,70 euros
  3. Bred : 82,40 euros
  4. BFC Océan Indien (groupe Société Générale) : 87,25 euros
  5. Banque de la Réunion (groupe BPCE) : 89 euros

Les banques en Guadeloupe

  1. Banque Postale : 64,70 euros
  2. Bred : 100,40 euros
  3. Crédit Agricole Guadeloupe : 112 euros
  4. Caisse d’Epargne Provence-Alpes-Corse : 121,80 euros
  5. Caisse Régionale du Crédit Maritime mutuel d’outre-mer : 129,76 euros (*)
  6. Fédération du Crédit Mutuel Antilles-Guyane : 130 euros
  7. BNP Paribas Guadeloupe : 157,24 euros
  8. Banque des Antilles françaises (groupe BPCE) : 158,23 euros
  9. Société Générale de Banque aux Antilles : 170,55 euros
  10. BFC Antilles-Guyane (LCL) : 208,40 euros

Les banques en Martinique

  1. Banque Postale : 64,70 euros
  2. Bred : 100,40 euros
  3. Crédit Agricole Martinique : 110,94 euros
  4. Caisse d’Epargne Provence-Alpes-Corse : 121,80 euros
  5. Caisse Régionale du Crédit Maritime mutuel d’outre-mer : 129,76 euros (*)
  6. Fédération du Crédit Mutuel Antilles-Guyane : 130 euros
  7. BNP Paribas Martinique : 145 euros
  8. Banque des Antilles françaises (groupe BPCE) : 158,23 euros
  9. Société Générale de Banque aux Antilles : 170,55 euros
  10. BFC Antilles-Guyane (LCL) : 208,40 euros

Les banques en Guyane

  1. Banque Postale : 64,70 euros
  2. Bred : 100,40 euros
  3. Crédit Agricole Martinique-Guyane : 110,94 euros
  4. Fédération du Crédit Mutuel Antilles-Guyane : 130 euros
  5. BNP Paribas Guyane : 145 euros
  6. Banque des Antilles françaises (groupe BPCE) : 158,23 euros
  7. BFC Antilles-Guyane (LCL) : 208,40 euros

Les banques dans les COM du Pacifique

La communauté de Saint-Pierre-et-Miquelon, petit archipel français d’Amérique du Nord, constitue un cas particulier avec seulement deux banques recensées par l’IEDOM. Avec notre simulation, la Banque de Saint-Pierre-et-Miquelon (groupe BPCE) apparaît très attractive (35,90 euros), tout comme la Caisse d’Epargne d’Ile-de-France (56,55 euros), qui y a un pied à terre. Mais la petite taille de cet archipel (environ 6.000 habitants) rend la comparaison délicate.

Quid des communautés d’outre-mer du Pacifique ? Les tarifs bancaires y sont très nettement plus élevés qu’en métropole. Pour les frais de tenue de compte courant, par exemple, la différence va du simple au triple en Nouvelle-Calédonie, du simple au quadruple en Polynésie française, et du simple au septuple à Wallis-et-Futuna, selon le relevé de l’Institut d’émission d’outre-mer (IEOM) au 1er avril 2015. « Pour la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française, des accords de modération des tarifs bancaires ont été signés en décembre 2014 », souligne l’IEOM dans son observatoire.

A titre de comparaison, en faisant la même simulation que pour les départements d’outre-mer avec la Banque calédonienne d’investissement (BCI), la seule qui ne facture pas les frais de tenue de compte, le tarif annuel grimpe tout de même à 152 euros (18.225 francs Pacifique) à cause des frais de retrait et d’abonnement internet.

(1) Institut d’émission des départements d’outre-mer.

(2) Méthodologie : sur la base du relevé de l’observatoire des tarifs bancaire de l’outre-mer, nous avons additionné les tarifs annuels de sept lignes de l’extrait standard des tarifs : frais de tenue de compte, abonnement de gestion des comptes sur internet, carte de paiement internationale à débit immédiat, les virements occasionnels externes par internet (avec un scénario de trois fois par mois sur un an), les prélèvements (un par mois), l’assurance perte et vol des moyens de paiement, et les retraits (un par semaine, soit 52 dans l’année).

(*) La simulation ne prend pas en compte le tarif de l’assurance perte ou vol des moyens de paiement, service non proposé par la Caisse Régionale du Crédit Maritime Mutuel d’Outre-Mer. Le classement de cette banque est donc « faussé » puisque si ce service était fourni et facturé, le montant serait plus important.