Selon l'avocat de la CGT, partie civile, l'ancien chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy, va être cité comme témoin dans le procès de son ancien collaborateur à l'Elysée, François Pérol, jugé à partir du 22 juin à Paris pour prise illégale d'intérêts.

L'ancien secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, sera également cité par la CGT, a précisé Me Jérôme Karsenti, qui s'est refusé à tout autre commentaire. Le syndicat souhaite que les deux hommes soient questionnés à l'audience sur le rôle qu'ils ont joué dans la décision de nommer François Pérol en 2009 à la tête du groupe bancaire BPCE, né de la fusion entre la Banque populaire et la Caisse d'Epargne. Nicolas Sarkozy et Claude Guéant ne sont toutefois pas tenus de répondre favorablement à une telle citation par une partie civile.

L'enquête a démontré que Nicolas Sarkozy avait réuni à l'Elysée le 21 février 2009 les patrons des deux banques, en présence de François Pérol lui-même et de son secrétaire général, Claude Guéant. Il est reproché à François Pérol d'avoir accepté en février 2009 de prendre la tête du groupe BPCE, alors qu'il avait suivi le dossier à l'Elysée en tant que secrétaire général adjoint chargé de l'économie, sous le mandat de Nicolas Sarkozy. Sa nomination avait suscité une vive polémique.

Lorsqu'il quitte ses fonctions, un fonctionnaire n'a pas le droit, dans un délai de trois ans, de travailler pour une entreprise qu'il a surveillée, avec laquelle il a conclu un contrat ou sur laquelle il a fait des propositions à l'autorité compétente. Peine maximale encourue pour François Pérol : deux ans de prison et 30.000 euros d'amende.

Une nommination « décidée » par Sarkozy

Lors de la réunion du 21 février 2009, en pleine crise financière mondiale, il avait été signifié sans équivoque aux deux patrons que François Pérol devait prendre la tête du nouvel ensemble, selon une source proche du dossier.

« Le président de la République nous indiquait (...), en rappelant que l'Etat prêtait 5 milliards (d'euros aux deux banques), qu'il entendait que François Pérol (...) soit proposé comme futur directeur général exécutif du nouvel ensemble », avait témoigné Bernard Comolet, alors patron de la Caisse d'Epargne, selon ses propos rapportés à l'AFP par cette source. Une annonce « sans appel », « présentée comme une décision », a-t-il insisté.

« Le principal objet de cette réunion était de nous signifier la nécessité d'agréer la proposition de nommer François Pérol », avait abondé Philippe Dupont, ex-patron de Banque populaire. Quelques jours plus tard, cette candidature était validée par les deux banques. L'opposition avait dénoncé un conflit d'intérêts, tandis que l'association Anticor décrivait « un dossier emblématique de l'époque Sarkozy ».

« Le meilleur candidat possible » aux yeux de Sarkozy

Devant le juge, François Pérol a démenti avoir été formellement désigné par Nicolas Sarkozy : aux yeux du chef de l'Etat, il aurait juste été « le meilleur candidat possible ». « Le président de la République avait dit (aux patrons des deux banques) qu'il ne voulait pas que je quitte mes fonctions (à l'Elysée), car il me considérait comme fort utile à ses côtés, qu'il savait que je n'étais pas candidat, mais que s'il fallait un homme pour incarner cette neutralité, j'étais sans doute le plus compétent », avait-il encore déclaré aux enquêteurs de la brigade financière.