Les salariés français font preuve d’une prudence excessive selon Amundi. Une étude de ce poids lourd de la gestion d’actifs en épargne salariale relève que les détenteurs de PEE ou de Perco investissent (trop) massivement sur les fonds monétaires, les moins risqués, et parient sur un nombre très limité de fonds.

Entre juillet 2013 et 2014, la moitié des versements réalisés sur des plans d’épargne salariale ont été investis sur des fonds monétaires selon l’étude d’Amundi, qui porte sur un large panel d’entreprises de plus de 5.000 salariés (1). Et il ne s’agit pas uniquement d’une tendance récente : 43% des avoirs détenus en épargne salariale et retraite, via un Perco ou un PEE (plan d’épargne entreprise), sont investis en monétaire selon cette étude.

Les plus jeunes encore plus prudents

Or, composés d’emprunts d’entreprises et d’Etat, ces fonds monétaires affichent des rendements actuellement proches de zéro. Ils continuent tout de même de plaire aux épargnants salariés puisque ces fonds sont les moins risqués des supports proposés dans le cadre de l’épargne salariale.

Dans son communiqué, le gestionnaire d’actifs souligne ainsi un paradoxe : « ce comportement d’investissement averse au risque est encore plus marqué chez les plus jeunes [moins de 30 ans, NDLR] ». Sur une échelle de risque de 1 à 7, les jeunes élaborent une allocation d’actifs d’un niveau de 1,9, contre 2,3 pour l’ensemble des salariés d’ETI et 2,7 pour ceux des grandes entreprises. Or Amundi s’appuie sur des enquêtes récentes de l’Insee et Sciences Po pour souligner que ce choix des jeunes épargnants est contraire à leurs intentions initiales.

Moins de deux fonds par épargnant

Amundi explique avant tout cette appétence pour les fonds monétaires par un « manque de connaissance financière ». « Seulement 45% des Français savent ce qu’est un fonds commun de placement (FCP) », souligne le gestionnaire d’actifs en s’appuyant cette fois sur un étude Crédoc de 2011.

La société relève aussi que les détenteurs de plans d’épargne salariale n’en utilisent pas toutes les possibilités : « seuls 2% des salariés d’ETI et 1,4% des salariés de grandes entreprises ont fait des arbitrages sur l’année écoulée », et ils investissent en moyenne sur moins de deux fonds sur leur PEE, moins de 1,5 fonds sur les Perco (plans d’épargne pour la retraite collectif), pour près de six fonds généralement disponibles.

Amundi, filiale du Crédit Agricole pesant plus de 40% de la gestion d’actifs en épargne salariale, en profite donc pour inciter les entreprises à mieux informer leurs salariés, en espérant que cela les pousse vers des fonds plus « performants ».

(1) Amundi épargne salariale et retraite (ESR) affirme avoir analysé les données d’un panel de 168 grandes entreprises, soit 790.000 salariés porteurs, et de 628 ETI (entreprises de taille intermédiaire), pour 286.000 porteurs. Dans tous les cas, il s’agit de sociétés de plus de 5.000 salariés. Ce double « benchmark » porte donc sur plus d’un million de salariés porteurs.