Le gouverneur de la Banque de France Christian Noyer a jugé mardi que « l'économie française n'allait pas assez bien » pour créer des emplois et réclamé des réformes, s'attirant une réponse plutôt cinglante du gouvernement.

« Fondamentalement l'économie française ne va pas assez bien » et reste « impuissante à créer des emplois nécessaires à ses jeunes », ce malgré « l'environnement monétaire et financier le plus favorable (...) depuis plusieurs décennies », a dit dans un discours M. Noyer, qui présentait pour la dernière fois le rapport annuel de la Banque de France. L'économie française montre quelques signes de frémissement depuis le début de l'année. La Commission européenne a par exemple revu en hausse mardi sa prévision de croissance française en 2015, à 1,1%, soit mieux que le rythme de 1% qu'espère le gouvernement.

Le gouverneur a déroulé son argumentaire habituel sur les mesures à mettre en œuvre, s'attirant une réplique de Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement. « Du côté des libéraux, banquiers, financiers, cela ne va jamais assez loin. Mais un pays comme la France est un pays qui doit être réformé avec le sens du dialogue », a dit M. Le Foll devant des journalistes, ajoutant : « Aujourd'hui on a un pays qui s'est relevé et qui va affronter les grands défis de demain. »

M. Noyer demande notamment un « redressement des finances publiques et un réexamen de l'action publique ». Selon lui la France reste, en raison de son haut niveau de dépenses, trop vulnérable face à une éventuelle remontée des taux d'intérêt, aujourd'hui historiquement bas dans toute la zone euro. Pour M. Noyer, « une hausse permanente des taux de 1 point sur l'ensemble des maturités de la dette en 2015 », c'est-à-dire sur toutes les durées d'emprunt, « coûterait 40 milliards d'euros aux finances publiques ». Le gouverneur a ensuite réclamé des mesures d'amélioration de la compétitivité et de baisse du coût du travail, passant par une « remise à plat » des règles de revalorisation du salaire minimum, le Smic. Enfin M. Noyer a souhaité une « simplification radicale » des règles qui selon lui « entravent la croissance », en matière de droit du travail, de sécurité sociale, ou de fiscalité.

Les taux trop rigides de l'épargne réglementée

Il a aussi, une nouvelle fois, déploré la « rigidité des taux de l'épargne réglementée », qui selon lui empêchent la très généreuse politique monétaire de la Banque centrale européenne de « se (diffuser) à l'ensemble de l'économie ». M. Noyer ne perd jamais une occasion de critiquer le taux du livret A, placement cher aux Français. Le gouvernement le maintient en effet à 1%, niveau déjà historiquement bas, alors que la Banque de France voudrait le ramener à 0,75%, un taux davantage en harmonie avec les conditions actuelles sur les marchés financiers.

Le mandat de Christian Noyer à la tête de la Banque de France s'achève en octobre, et l'incertitude persiste jusqu'ici sur sa succession.