Oxfam France vient de mettre en ligne le site Fair Finance France, où elle publie un comparatif qui passe au crible l’éthique de cinq grands groupes bancaires français. Résultat : selon l'ONG, le chemin à parcourir vers les principes de responsabilité sociale des entreprises est encore très long.

Oxfam France a établi un comparatif entre cinq grands groupes bancaires français en matière d’éthique dans les domaines économique, social et environnemental. Son objectif ? Dénoncer les mauvais résultats de leurs politiques d’investissement à leurs clients, pour qu’ils sachent où leur argent est investi. Le site de Fair Finance France, mis en ligne par l’ONG et où est publié ce comparatif, interpelle les internautes et les incite même à envoyer un e-mail à leur banque s’ils trouvent ces révélations « choquantes », avec comme exemple le rappel que « la France est le 5ème plus gros financeur mondial de charbon, première énergie responsable du réchauffement climatique ».

L’association a ainsi mis au point une « grille d’évaluation des politiques de crédit et d’investissement des banques sur un certain nombre de domaines d’activité » pour mesurer leur degré d’éthique, et a accordé aux grands groupes français étudiés (BPCE, BNP Paribas, Crédit Agricole, Crédit Mutuel-CIC et Société Générale) une note sur 10 en fonction d’une centaine de critères.

Sur les 8 thématiques affichées (1), aucun des cinq groupes bancaires n’obtient la moyenne de 5/10. En ce qui concerne le changement climatique, le Crédit Agricole se place ainsi en tête avec une note de seulement 1,58/10 ! Cela reste tout de même un point de plus que BPCE, BNP Paribas et Société Générale (0,5). Le comparatif souligne que Crédit Agricole « reste la seule banque française à publier un montant de ses émissions de CO2 financées », tout en rappelant qu’elle est, selon l’organisation BankTrack, « la deuxième banque française soutenant le plus le secteur du charbon ».

Crédit Mutuel-CIC en bas de tableau

Crédit Mutuel-CIC, quant à lui, décroche un zéro pointé dans plusieurs catégories : changements climatiques, droits humains, ainsi qu'en droit du travail et en environnement, n’ayant adopté « aucune politique » en la matière. Il s’agit d’ailleurs du groupe ayant les plus mauvaises notes.

A l’inverse, Société Générale s’en tire le moins mal. Même si sa politique en droit du travail est jugée « insuffisante », elle obtient 4/10 dans cette catégorie et se place ainsi devant Crédit Agricole et BPCE. Toutefois l’enseigne n’obtient que 0,9 en bonus et rémunération, notamment car « la banque s’autorise l’attribution de bonus pouvant atteindre jusqu’à 200% du salaire fixe », et « ce qui était prévu comme une exception par la législation européenne […] est donc devenu la règle ». Dans cette catégorie, le Crédit Mutuel-CIC et son 1,7 se place en tête. En point positif, le comparatif note que les dirigeants « ne semblent pas recevoir de bonus ».

(1) Changements climatiques, droits humains, droit du travail, environnement, bonus et rémunération, fiscalité et corruption, transparence et redevabilité, armes.