Les députés ont approuvé mardi en nouvelle lecture le projet de budget de l'État pour 2015, qui sera à nouveau examiné par le Sénat, avant une adoption définitive jeudi par l'Assemblée nationale qui aura le dernier mot.

Le texte a été voté par 257 voix contre 222 et 54 abstentions. Les socialistes et les radicaux de gauche ont majoritairement voté pour, les écologistes se sont majoritairement abstenus, tandis que l'UMP, l'UDI et le Front de gauche ont voté contre. Dans les rangs socialistes, 35 députés « frondeurs », dont toujours les anciens ministres Benoît Hamon et Aurélie Filippetti, se sont abstenus, deux de moins qu'en première lecture.

Le projet de loi de finances 2015 comprend notamment un peu plus de 21 milliards d'euros d'économies sur les 50 milliards annoncés, ainsi que la suppression de la première tranche de l'impôt sur le revenu. Il table désormais sur un déficit public en légère baisse, à 4,1% du produit intérieur brut en 2015, après 4,4% en 2014.

« Loyauté et responsabilité »

En nouvelle lecture, l'Assemblée a pour l'essentiel rétabli sa version votée en première lecture, revenant ainsi sur l'instauration de trois jours de carence en cas d'arrêt maladie pour les fonctionnaires ou sur la réduction des crédits de l'Aide médicale d'Etat adoptées au Sénat. Ils ont aussi remis le financement nécessaire à 90.000 contrats aidés dans le secteur non marchand et 50.000 emplois d'avenir, supprimé au Sénat. Les députés ont aussi remis 70 millions d'euros de crédits aux universités, supprimés en première lecture, dans le sillage du geste annoncé par l'Elysée face aux manifestations dans l'enseignement et la recherche.

Membres de la majorité gouvernementale, les radicaux de gauche, mécontents notamment de coupes budgétaires touchant les Chambres de commerce et d'industrie, ont été moins nombreux à voter pour qu'en première lecture « mais toujours au nom de la loyauté et de la responsabilité », a souligné Paul Giacobbi. Non seulement le gouvernement dispose de « bien peu de marge de manoeuvre budgétaire » au regard notamment de la Commission européenne, mais aussi de « bien peu de marge de manoeuvre politique », qu'il semble pourtant « vouloir tout faire pour réduire », a-t-il taclé.

L'écologiste Eva Sas a regretté un projet de loi qui « ne rompt pas avec la logique à l'œuvre depuis le début du quinquennat et ne donne pas la priorité à l'emploi, au pouvoir d'achat ou à l'écologie », jugeant notamment que le « geste en faveur des ménages reste modeste » comparé aux mesures en faveur des entreprises.

Le chef de file des députés Front de Gauche André Chassaigne a déploré une nouvelle illustration d'« un redressement sans la justice », des coupes budgétaires néfastes, par exemple aux collectivités territoriales.

« Pas de réforme structurelle »

A droite, l'UMP Marie-Christine Dalloz a déploré la disparition des mesures votées par la majorité de droite au Sénat, qui a « joué son rôle d'opposition constructive », critiqué des économies comme le « prélèvement dangereux » sur les CCI mais aussi la poursuite du « matraquage fiscal » aux dépens des ménages et des entreprises.

L'UDI Philippe Vigier, pour lequel tant qu'il n'y aura « pas de réforme structurelle, les déficits continueront à augmenter et la croissance ne repartira pas », a reproché au gouvernement des économies moindres qu'affiché et affirmé, « en 2015, l'impôt continuera d'augmenter pour les ménages, contrairement à l'engagement du président de la République ».