Depuis l’entrée en vigueur le 1er octobre dernier de la législation relative aux plateformes de crowdfunding, ces dernières sont de plus en plus nombreuses sur la toile. Zoom sur celles consacrées aux prêts aux entreprises, et qui annoncent des taux de rendement de 3,3% à 12% pour les investisseurs particuliers.

L'année 2014 marque-t-elle le vrai démarrage du crowdfunding pour les entreprises ? Les chiffres le laissent à penser : les projets soumis au 1er semestre 2014 représentent 25% des projets mis en ligne depuis 2008, selon le baromètre du site financeparticipative.org. De janvier à juin 2014, le montant des fonds collectés est le double du montant 2013, et atteint 66,4 millions d’euros. 9,8 millions d'euros ont été investis en capital (dont 97% au sein d'entreprises), et 37,4 millions d'euros ont été prêtés (64,60% des emprunteurs sont des entreprises).

Pour favoriser ce développement, et ainsi peut-être résoudre, en partie, le problème du financement des jeunes entreprises et PME, le gouvernement français a multiplié les annonces, qui ont abouti à l’ordonnance du 30 mai 2014. Entrée en vigueur le 1er octobre 2014, cette dernière établit un cadre réglementaire pour le financement participatif afin d’éviter d’éventuelles dérives et pour sécuriser les investisseurs.

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Dans ce nouveau cadre, les lancements de plateformes dédiées aux prêts aux entreprises se multiplient. Deux nouvelles plateformes lancées en 2013, trois cette année, cinq autres déjà prévues d’ici le printemps 2015... A l'Orias, 15 sites sont d'ores et déjà répertoriés comme étant des intermédiaires en financement participatif (IFP), même si pour le moment seulement trois sont opérationnels. Cependant, certaines plateformes, dont la création est antérieure au nouveau cadre réglementaire, disposent de statuts différents. C’est le cas d’Unilend, qui se prévaut agent prestataire de services de paiement et pour laquelle « la réglementation n’a rien changé », comme l’évoque son fondateur Nicolas Lesur.

Prêter à partir de 20 euros

Sur les 15 plateformes examinées par cBanque (voir le tableau ci-dessous), les rémunérations proposées pour les investisseurs vont de 3,3% à 12%. Si le ticket d’entrée pour le prêteur est généralement bas (20 euros), la plateforme belge Lookandfin, qui prévoit son lancement en France en début d’année 2015, se différencie avec un minimum à 500 euros. Il est même de 1.000 euros pour SmartAngels (correspondant au maximum réglementaire par projet instauré par le statut IFP). Des tickets généralement très mesurés, qui permettent de mieux sécuriser les investissements des particuliers. Le fondateur d’Unilend estime pour sa part que les prêteurs investissent en moyenne 350 euros par projet, sur une durée de 2 à 5 ans. « Au-delà de 5 ans cela paraît trop loin pour le prêteur », assure Nicolas Lesur. « Dès qu’il prête, il reçoit chaque mois un remboursement qui inclut les intérêts et une partie du capital ». Le taux peut être fixé en fonction du risque de l'investissement, ou directement par l'investisseur (mais tout de même encadré par la plateforme).

Attention cependant à bien étudier les frais pratiqués sur ces plateformes de financement participatif. En effet si la majorité des sites appliquent uniquement des frais à l’emprunteur en cas de campagne réussie (3 à 5% du montant emprunté), certaines en appliquent également aux prêteurs. Par exemple SmartAngels taxe le prêteur entre 0,5 et 5% du montant prêté.

Afin de limiter les risques pour les prêteurs, les plateformes sélectionnent en amont les projets qu’elles mettront par la suite en avant sur leur site. En s’appuyant notamment sur les derniers exercices comptables de l’entreprise ou sur son chiffre d’affaires, elles déterminent leur capacité de remboursement. « Nous n’avons retenu que 5% des dossiers déposés dans l’année », souligne Nicolas Lesur, PDG et fondateur d’Unilend, ce qui représente tout de même près de 85 projets.

Pour aider les prêteurs à se repérer parmi les projets, les sites de crowdfunding mettent aussi en place des systèmes de notation. « C’est d’ailleurs essentiel à nos yeux, toujours dans une approche de confiance et de gagnant-gagnant », souligne Amélie Churlet, chargée de la communication de Prêtgo. « Nous proposons des projets sélectionnés au préalable sur des critères objectifs en fonction de leur viabilité ». Notés sur 5 étoiles, 5 représentant une « très forte solidité financière », les projets en dessous de 3 étoiles ne sont pas retenus. Un système similaire est en place chez Unilend.

Si certaines plateformes se concentrent sur un secteur économique précis, comme Lendosphère (qui se focalise sur les énergies renouvelables), la plupart d’entre elles acceptent les projets de tous secteurs, avec une préférence tout de même pour les PME ayant plus de deux ans d'existence.

Les prêts auxquels les entreprises peuvent souscrire vont quant à eux de 10.000 à 1 million d’euros. Cependant certaines d’entre elles ont fait le choix de ne pas prêter le plafond réglementaire. « Unilend prête de 15.000 à 250.000 euros, précise Nicolas Lesur. C’est ce que nous nous sentons capables de faire aujourd’hui, mais ce montant va probablement augmenter au fur et à mesure de notre croissance ».

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Rapidité de transfert

Pourquoi les entreprises se tournent-elles vers ce nouveau mode de financement ? Valéry Giard, co-fondateur de Prexem, a sa petite idée. « Les entreprises ne viennent pas chez nous pour les taux. Nous ne concurrençons pas les banques là-dessus, mais sur la rapidité de transfert des fonds. Nous optimisons les besoins des emprunteurs, qui veulent de la rapidité, et ceux des prêteurs, qui veulent sécuriser le risque ». Nicolas Lesur confirme : « Nous sommes plus rapides que les banques. Le dépôt du dossier prend 5 minutes, et l'entreprise obtient une réponse entre 24 et 72h. Si le projet est validé, elle reçoit son financement environ trois semaines plus tard, alors que pour un prêt bancaire c'est entre 3 et 6 mois, ce qui est pesant pour les petites entreprises ».

Les premières retombées économiques se font déjà sentir. Les plateformes actives ont déjà prêté plus de 6 millions d'euros aux entreprises françaises.