La crise frappe aussi le monde associatif, avec « de graves problèmes financiers » et une précarisation des emplois, révèle un rapport parlementaire rendu public jeudi.

Toutefois, le monde associatif a été frappé par la crise bien plus tardivement que l'entreprise. Entre 2000 et 2010, le nombre d'emplois associatifs a progressé régulièrement, de 25% environ, souligne ce document, qui rappelle que le secteur associatif représente un peu plus d'un salarié privé sur dix. Ce secteur a été « beaucoup moins touché, et avec retard, que le reste du secteur privé, par la crise de 2008 », indiquent les députés Alain Bocquet (PC) et Françoise Dumas (PS), respectivement président et rapporteure du rapport.

Le monde associatif fait face désormais à de « graves problèmes financiers », « qui s'expliquent en grande partie par la raréfaction des ressources publiques et la difficulté des ressources privées à prendre le relais ». La proportion de responsables jugeant leur situation financière « bonne » ou « très bonne » est ainsi passée de 60 % en mai 2012 à seulement 47 % en mai 2014.

Outre les coupes budgétaires, les associations subissent également un dispositif fiscal qui les désavantage par rapport au secteur lucratif concernant le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE), dont la structure associative est exclue. Le rapport relève qu'en 2011, les ressources des associations provenaient à hauteur de 49,4% du public et de 50,6% du privé. En 2005, lors de la précédente enquête, le ratio était inverse (48,8% privé et 51,2% public).

Selon des estimations du Collectif des associations citoyennes (CAC), citées par Europe 1, ce sont quelque 200 000 emplois qui pourraient être supprimés d'ici à trois ans.

Une fiscalité pour encourager les dons

Les associations les plus touchées sont les moyennes structures, nombreuses à oeuvrer sur le terrain dans des secteurs-clé comme l'éducation, la jeunesse ou encore la lutte contre l'exclusion.

Le rapport met également l'accent sur « la précarisation croissante du salariat associatif, marqué par l'augmentation de la part des contrats à durée déterminée ». D'après une enquête du Centre d'économie de la Sorbonne, la part des contrats à durée indéterminée a chuté de 53% en 2005 à 47% en 2011.

Cependant, malgré la crise, les Français restent généreux, même si le document fait état d'une stagnation des dons à partir de 2012, après une augmentation continue au cours des 10 années précédentes. Selon les données fiscales, depuis 10 ans, au moins 5,6 millions de ménages, « probablement beaucoup plus », contribuent financièrement à l'action des associations. Une dynamique à préserver « en sécurisant le dispositif fiscal et en cherchant de nouvelles voies pour canaliser » les dons, notamment à l'aide des nouvelles technologies.

Pour l'heure, trois dispositifs fiscaux existent qui confèrent aux contribuables effectuant des dons un avantage fiscal. L'effort fiscal du gouvernement dans ce sens est souligné dans le rapport.

Interrogée par l'AFP, Françoise Dumas a affirmé que les 55 préconisations de ce texte avaient pour objectif de « conforter la place des associations dans la société, en garantissant leur financement mais aussi la formation des bénévoles et des cadres dirigeants ». « Les associations demeurent des éclaireurs des politiques publiques et il n'y a pas de baisse de leur vitalité et de l'engagement des personnes », a-t-elle souligné, appelant à combattre ces « idée préconçue ».