L'Assemblée nationale a adopté mardi le projet de budget de la Sécurité sociale pour 2015 à une majorité moins étroite que sur le budget de l'Etat la semaine dernière, le nombre d'abstentions socialistes s'étant réduit de cinq.

Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, qui comporte notamment une modulation controversée des allocations familiales en fonction des revenus, a recueilli en première lecture 270 suffrages pour, 245 contre, et 51 abstentions, dont celles de 34 socialistes, au nombre desquels Benoît Hamon et Aurélie Filippetti.

« Sans états d'âme », selon leur oratrice Martine Pinville, la grande majorité des socialistes a voté pour ce projet de loi prévoyant notamment l'instauration du tiers payant et la suppression des franchises médicales pour les bénéficiaires de l'aide à la complémentaire santé. Aucun n'a voté contre. Le président du groupe socialiste Bruno Le Roux a réagi dans les couloirs en déclarant qu'il y a « une majorité et il y aura toujours une majorité pour soutenir le gouvernement ».

Et la ministre des Affaires sociales a constaté qu'« il y a eu davantage de voix qui se sont portées sur ce texte que sur le budget (de l'Etat) », espérant « un plus vaste rassemblement » dans les prochaines lectures. Marisol Touraine a insisté aussi sur le « renforcement des droits sociaux » apporté selon elle par le projet de loi.

La quasi unanimité des radicaux de gauche, satisfaits notamment des modifications apportées sur les prestations familiales même si la modulation des allocations les divise, a aussi voté pour ce projet de budget, l'un des marqueurs de l'appartenance à la majorité gouvernementale.

Abstention chez les écologistes, Rejet du Front de gauche, de l'UMP et l'UDI

Comme annoncé et comme sur le projet de budget de l'Etat, une large majorité des écologistes (14) s'est abstenue sur un texte porteur de « petits pas positifs » mais aussi de « mesures improvisées et impopulaires, de bien petites économies pour de gros dégâts ».

Contre, le Front de Gauche a dénoncé la poursuite de choix qui « favorisent le patronat au détriment du peuple ». François Asensi a fustigé en particulier la modulation des allocations familiales, dénonçant le « mensonge flagrant de faire croire à nos concitoyens qu'il s'agit d'une mesure de justice sociale, car ce qui ne sera plus versé aux familles aisées ne viendra pas aider les plus modestes » mais les entreprises.

Egalement contre, l'UMP et l'UDI ont critiqué le dérapage des déficits, des économies en trompe-l'œil et l'absence de réforme structurelle. Mais leurs orateurs Jean-Pierre Door et Francis Vercamer ont surtout attaqué la modulation des allocations familiales, reprochant « un coup de poignard au pacte républicain de l'universalité de la protection sociale » et un reniement des socialistes, à commencer par François Hollande.