Mis en minorité sur un vote mineur, le gouvernement a reporté pendant 40 minutes le vote sur l'ensemble des amendements restant à discuter lundi soir sur le volet recettes du projet de budget 2015, provoquant la fureur de l'opposition.

Défait sur un amendement des radicaux de gauche qui augmentait de dix millions d'euros la somme affectée au Fonds de solidarité du développement, le gouvernement, par la voix du secrétaire d'Etat au Budget Christian Eckert, avait pris ombrage de ce vote et demandé vers 18H30 « la réserve pour l'ensemble des votes pour la suite ». Quelque 40 minutes plus tard, il annonçait que le gouvernement levait sa réserve, permettant une reprise normale des débats.

La réserve signifiait que les amendements étaient discutés mais pas votés jusqu'à ce que le gouvernement lève cette réserve, une fois sûr d'avoir assez de députés socialistes acquis à sa cause dans l'hémicycle. « On n'a jamais vu ça, que l'on puisse réserver sur le vote de plus de 300 amendements. Que l'on cherche à museler le Parlement, c'est inadmissible », avait tempêté l'UMP Jérôme Chartier. En fait, il restait un peu moins de 200 amendements à discuter. En protestation, l'UMP et l'UDI avaient décidé de demander « une suspension de séance systématique à chaque amendement pour protester contre le Parlement bâillonné ».

Règlement de comptes sur Twitter

Cet épisode a donné lieu à une petite passe d'armes entre députés socialistes sur twitter. Le rapporteur général du Budget, Valérie Rabault, s'interrogeant sur le bien-fondé de ce recours à cette procédure de la réserve se faisait vertement critiquer par l'orateur du groupe socialiste sur le texte Dominique Lefebvre qui avait été son rival malheureux pour devenir rapporteur du Budget.

Celui-ci l'accusait de « confondre la discussion sur le projet de loi de finances avec un congrès du PS », ce qui lui valait en retour la critique du député Yann Galut jugeant la « rancune mauvaise conseillère ».