Les éditorialistes se montrent sceptiques et inquiets après la présentation du projet du Budget 2015 mercredi en conseil des ministres y voyant du « bricolage », « un manque d'ambition » qui au final « mécontentera tout le monde ».

« Une fois de plus, c'est la préférence pour la petite politique du rabot, usée jusqu'à la corde, au détriment de celle de la réforme », résume Gaëtan de Capèle, dans Le Figaro. Des « mesures » qui « ressemblent à de faibles colmatages », déplore Yves Harté, pour Sud Ouest. « On rabote, on additionne parfois les économies de bouts de ficelles pour arriver aux économies envisagées », note de son côté Olivier Pirot (La Nouvelle République du Centre Ouest). « La France est condamnée à bricoler », regrette Pierre Cavret dans Ouest France.

« L'ambition est insuffisante », relève Etienne Lefebvre, des Echos qui note surtout que la copie « a été sévèrement notée par le Haut Conseil des finances publiques qui doute de la prévision de croissance comme des objectifs de dépenses. » Un constat également fait par David Guévart du Courrier Picard. « Le budget 2015 présenté par le gouvernement laisse sceptique le haut conseil des finances publiques. Parce que personne ne croit à la croissance trop favorable qui lui sert de base », écrit-il.

Ce qui ne surprend pas, Yann Marec, du Midi Libre, pour qui « le compte n'y est vraiment pas dans ce budget ». « Un budget poudre aux yeux. De dupes », juge-t-il avant d'asséner « c'est bricole et compagnie au sommet de l'État. » Sur la même veine, Jean-Louis Hervois, de la Charente Libre, voit dans « Le budget 2015 présenté par le gouvernement » l'illustration « à merveille de l'improvisation devenue art de gouverner. »

Une chose est certaine pour Pierre Cavret, (Ouest France), « ce budget...bâti sur la défensive...ne relève pas d'un projet gouvernemental avant-gardiste et volontariste. » « Ce ne sera pas dans ces économies déjà difficiles à faire admettre que l'on pourra trouver une vertu bouleversante et visionnaire », renchérit Yves Harté (Sud Ouest).

« Eviter la colère des Français »

« De longue date, nos dirigeants ont préféré la facilité des déficits et de l'endettement au courage des réformes », rappelle Henry Lauret du Télégramme. Et Jacques Camus (La Montagne Centre-France) d'analyser : « ce budget est un budget contraint. En voulant tenir les cordons de la bourse par les deux bouts, en voulant éviter la colère des Français, le gouvernement s'est condamné aux demi-mesures. » « Celles qui ne satisfont pleinement personne et mécontentent tout le monde », prévient-il. « Au total, pour ne fâcher personne, on ne fait que des mécontents », s'inquiète également Philippe Waucampt pour le Républicain lorrain. « C'est la rançon de la prudence », précise-t-il.

Pour Thierry Borsa, dans Le Parisien/Aujourd'hui en France, « le budget 2015 fait des gagnants et beaucoup de perdants ». « Les Français ne vont retenir que (les) hausses. Celles qui marquent un quotidien déjà bien gris. Et sans lendemain. La cote d'alerte n'est plus très loin », conclut quelque peu alarmiste Yann Marec dans le Midi Libre.