Vous disposez d’une somme d’argent et vous souhaitez la placer sur un produit d’épargne. Mais lequel choisir ? A côté du rendement et de la fiscalité, qui sont en général les deux principaux critères de choix, il y en a un troisième à ne pas négliger : la durée prévisible de votre placement. En effet, certains produits sont plus contraignants que d’autres dans ce domaine. Le point sur la question, produit par produit.

Les livrets réglementés : sans contrainte

L’épargne réglementée - Livret A, Livret de développement durable (LDD), Compte Epargne Logement (CEL) et Livret d’épargne populaire (LEP) - reste un refuge bien pratique pour ceux qui souhaitent accéder facilement et à tout moment à leur argent. Sa seule contrainte majeure est en effet son plafond de versements : 22.950 euros pour le Livret A, 12.000 euros pour le LDD, 15.300 euros pour le CEL, 7.700 euros pour le LEP.

Pour le reste, l’épargne réglementée offre une disponibilité permanente de l’épargne placée, sans limite dans le temps et sans mauvaise surprise au niveau de la fiscalité (elle est totalement défiscalisée, sauf pour le CEL soumis aux prélèvements sociaux) et du rendement : son taux est connu d’avance, même s’il peut varier (jusqu’à quatre fois par an en théorie) en fonction de l’évolution des taux interbancaires et/ou de l’indice des prix à la consommation. Seule précaution pour optimiser les intérêts : prendre en compte la règle des quinzaines au moment de faire versements ou retraits.

Le rendement est toutefois le point faible actuel de l’épargne réglementée. Faute d’inflation, elle n’a jamais été aussi mal rémunérée : 1% pour le Livret A et le LDD, 0,75% pour le CEL, 1,50% pour le LEP mais à condition de remplir les conditions d’accès.

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Le PEL : 2 ans minimum, 15 ans maxi

En comparaison, le Plan Epargne Logement, qui rapporte 2,50% (2,11% après prélèvements sociaux), apparaît comme une excellente affaire, même en l’absence de projet immobilier à financer. Il est par contre beaucoup plus contraignant que les livrets réglementés.

Il y a tout d’abord l’obligation d’alimenter régulièrement le compte, à raison de 540 euros par an (soit 45 euros par mois) minimum. Impossible, ensuite, d’opérer des retraits partiels : pour récupérer son argent, il faut clôturer le compte. Et si cette fermeture intervient moins de deux ans après l’ouverture, les intérêts générés sont recalculés au taux du CEL en vigueur au moment de la fermeture, soit 0,75% net actuellement. Mieux vaut donc être sûr de ne pas avoir besoin de récupérer ses liquidités en urgence : le PEL est ainsi un produit à éviter pour placer son épargne de précaution.

Il n’est pas non plus adapté à la constitution d’un complément de revenus pour ses vieux jours, ou d’un capital à transmettre : sa durée de vie est en effet limité, au maximum, à 15 ans (1). Et à partir de son 12e anniversaire, sa fiscalité change : ses intérêts deviennent imposables au barème progressif de l’impôt sur le revenu.

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L’assurance-vie : au moins 8 ans pour profiter d’une fiscalité optimale

Avec le développement, sur internet notamment, d’une offre de contrats sans frais d’entrée et de versement et la possibilité d’effectuer des rachats partiels à tout moment, l’assurance-vie, est clairement plus souple dans son fonctionnement que le PEL. A tel point que nous posions la question il y a quelque temps : peut-on utiliser son assurance-vie comme un livret d'épargne ?

Le principal obstacle à ce type d’usage - même s’il n’est pas totalement rédhibitoire - reste toutefois la fiscalité. Seul produit d’épargne sorti quasi-indemne des coups de rabot imposés par les gouvernements successifs depuis 2010, l’assurance-vie n’en reste pas moins conçue pour les placement à moyen ou long-terme. Il faut ainsi attendre le 8e anniversaire du contrat pour bénéficier d’une fiscalité optimale sur les rachats, grâce à un abattement de 4.600 euros (9.200 euros) et un prélèvement forfaitaire de 7,5%. Avant cela, vous pouvez opter pour le PFL qui est de 15% (entre 4 et 8 ans) et 35% (avant 4 ans), ou soumettre le produit à l’impôt sur le revenu.

Attention donc : si les fonds en euros offrent actuellement des perspectives de rendement - 2,8% net de frais en moyenne en 2013 - supérieures à celles de l’épargne réglementée, cet intérêt risque d’être effacé par la fiscalité en cas de rachats précipités. Rien ne vous interdit toutefois d’ouvrir une assurance-vie avec le minimum requis, simplement pour prendre date, et de ne vous en servir qu’au bout de huit ans.

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Super-livrets : de 3 à 12 mois pour profiter des taux boostés et des primes

A l’exact opposé de l’assurance-vie, il existe des produits qui offrent leurs meilleurs rendements dès leurs premiers mois d’existence. Il s’agit des « super-livrets », pour reprendre le surnom donné à ces livrets fiscalisés, surrémunérés pendant de courtes périodes promotionnelles, qui servent de produits d’appel à certaines enseignes, notamment des banques en ligne ou des établissements de crédit spécialisés.

Ces livrets affichent en effet des taux bruts nettement plus attractifs que la moyenne - entre 3% et 5% actuellement, contre 1,12% (2) en moyenne pour l’ensemble des livrets - sur des périodes allant de 3 mois le plus souvent à 6, voire 12 mois, avec parfois un bonus de quelques dizaines d’euros en plus. Idéal donc pour un placement à très court-terme, qui permettra de cumuler souplesse d’utilisation et rendement.

Au-delà des périodes de promotion toutefois, les rémunérations chutent assez brutalement : entre 0,80% et 2% brut actuellement, selon les produits. Il sera alors toujours temps de changer de support (ou de super-livret) pour retrouver un meilleur rendement.

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(1) A l’issue de la phase d’épargne (qui dure entre 4 et 10 ans), il n’est plus possible de faire de versements sur le compte. Il peut toutefois être maintenu ouvert pendant cinq années supplémentaires. Au terme de cette phase d’attente, le compte est clos automatiquement, et le capital transféré sur un compte sur livret fiscalisé.

(2) Chiffre Banque de France, juillet 2014.