Pay, le service de paiement dévoilé la semaine dernière par le géant américain Apple, sera lancé dès le mois d’octobre aux Etats-Unis. En revanche, aucune date n’a encore été communiquée pour l’Europe. Il faut dire que la greffe aura sans doute plus de mal à prendre, notamment en France. Explications.

Le 9 septembre dernier, au cours de la keynote de présentation du nouveau smartphone d’Apple, l’iPhone 6, Tim Cook, le patron de la multinationale, avait longuement disserté sur l’ergonomie et la sécurité d’Apple Pay. Un peu moins sur son insertion dans l’écosystème actuel des paiements.

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Une semaine plus tard, on en sait toutefois un peu plus. Confirmation d’abord : Apple a bien préparé son arrivée sur le marché américain en signant des accords avec les principales banques de détail et les réseaux de cartes bancaire. Ce qui lui permettra, dès son lancement, de couvrir potentiellement un peu plus de 80% du marché US des paiements par carte. Certains détails du deal passé avec les banques ont même été dévoilés : à chaque paiement via Apple Pay, la firme à la pomme prélèvera, selon le Financial Times [article en anglais], 0,15% de la somme réglée par l’usager.

Une commission de 0,15% du montant payé

C’est sans doute là le principal obstacle à l’arrivée d’Apple Pay en France. Aux Etats-Unis en effet, les opérateurs de cartes bancaires prélèvent entre 1,5% et 2,75% du montant de chaque paiement, selon le site Bankinnovation [article en anglais], à titre de commission. Les 0,15% demandés par Apple paraissent donc raisonnables, d’autant que la marque leur a promis un système sécurisé (grâce notamment à l’utilisation d’un capteur biométrique), au contraire des paiements par cartes classiques, qui ne sont pas authentifiés aux Etats-Unis par code secret.

La situation est complètement différente en France, où les paiements par carte sont moins perméables à la fraude grâce à l’utilisation de la puce et du code secret, et où les banques subissent une plus forte pression des pouvoirs publics sur leurs tarifs. Conséquence : les commissions dites d’interchange sont plafonnées à 0,29% en moyenne pour les paiements traités par le groupement des cartes bancaires CB, et à 0,28% en moyenne pour ceux traités directement par MasterCard et Visa.

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Dans ce contexte, on imagine difficilement les banques françaises accepter de rétrocéder la moitié de leurs commissions à Apple. Ainsi, à moins que la firme à la pomme accepte d’adapter son modèle économique au contexte local, le nouveau service de paiement ne devrait pas être accueilli à bras ouvert. Dans l’immédiat, selon le quotidien Les Echos, elles n’ont pas encore été contactées par Apple.

Compatible avec les terminaux NFC français ?

Autre obstacle potentiel : la technologie utilisée par Apple sera-t-elle compatible avec les terminaux de paiement NFC existants ? La question est posée par le blog spécialisé dans l’innovation bancaire « C’est pas mon idée » : « Avec toutes les nouveautés qu'Apple introduit (dont la « tokenisation » et le code de validation à usage unique), est-on certain que les terminaux NFC déjà déployés chez les commerçants seront compatibles ? ».

Visa, interrogé par un blog britannique [article en anglais], a apporté un début de réponse en annonçant que ses 1,5 million de terminaux européens seraient compatibles dès 2015. Cela sera-t-il aussi le cas de l’ensemble des terminaux distribués par les banques françaises ? Il faudra attendre pour voir, mais le doute est permis.

En attendant, les acheteurs français de l’iPhone 6, privés d’Apple Pay, ne pourront même pas patienter en utilisant la fonction sans contact de leur nouveau téléphone avec d’autres services : Apple a en effet confirmé à un site américain [article en anglais] que la puce NFC incluse dans son appareil mobile ne pourrait, dans l’immédiat, être utilisée qu’avec son service de paiement maison.