Positif mais insuffisant : c’est en substance le point de vue partagé par les promoteurs immobiliers sur le « plan de relance du logement » présenté par le Premier ministre Manuel Valls il y a une dizaine de jours. Florilège de réactions.

On le sait (car ils l’ont beaucoup répété) : les promoteurs immobiliers étaient très inquiets de la loi ALUR portée par l’ancienne ministre du Logement Cécile Duflot. C’est donc d’abord avec soulagement qu’ils ont accueillis les annonces du Premier ministre, qui en détricote certaines mesures, notamment l’encadrement des loyers. L’intervention de Manuel Valls marque un « retour à la cohérence », estime par exemple Yoann Joubert, président de REALITES. « L’ancienne ministre du logement (…) s’inscrivait dans un projet mêlant idées reçues et slogans. La nouvelle [Sylvia Pinel, NDLR] est (…) est plus concrète et laisse une place à chacun des acteurs du logement, sans opposer à longueur de temps l’intérêt des particuliers et ceux des professionnels. »

Philippe Lauzeral, directeur général de Stellium, filiale du groupe Omnium Finance, salue également des mesures qui vont « dans le bon sens ».

Le problème des normes de construction

Soulagés, les promoteurs n’en conservent pas moins des doutes sur l’efficacité des mesures annoncées, par rapport à leur objectif : relancer rapidement la construction et le secteur du bâtiment. Selon Yoann Joubert, ces annonces ne permettront pas de lever certains freins qui bloquent aujourd’hui ce marché, notamment les pratiques des élus locaux, dont certains sont « devenus anti-construction depuis les dernières élections municipales » ou la pression croissante sur « les prix de revient de la construction ».

Nathalie Savio, directrice des opérations immobilières chez Imodeus, autre filiale d’Omnium Finance, trouve également insuffisante la réponse gouvernementale au problème des normes de construction, « qui grèvent le coût du m2 pour tous les lots et obligent à réduire la surface des pièces à vivre pour rester dans les prix de vente conformes au budget moyen des ménages ».

Inertie

Plus généralement, Yoann Joubert rappelle que le volontarisme de Manuel Valls a ses limites. D’abord parce que l’inertie est forte sur le marché de la construction. « Un projet dure 5 ans », rappelle-t-il.

Ensuite parce qu’il estime qu’il n’est pas réaliste, actuellement, de produire 500.000 logements par an. « Aucune orientation politique ne pourra forcer les clients à acquérir des biens s’ils n’en ont pas le besoin », assène-t-il. « Le marché se régulera tout seul si on lui laisse le temps de s’assainir et, surtout, si on lui garantit un écosystème (politique, normatif, fiscal) durablement stable. »

Lire par ailleurs : Immobilier : les mesures de relance du marché dévoilées par Manuel Valls