La Banque centrale européenne a annoncé jeudi dernier, à la surprise générale, une nouvelle baisse de son principal taux directeur, qui atteint le niveau historiquement bas de 0,05%. La BCE espère ainsi relancer l’économie de la zone euro. Mais sa décision pourrait avoir à court terme un impact sur les rendements des livrets d’épargne. Explications.

Le « loyer de l’argent » : c’est l’image souvent utilisée pour décrire, de manière concrète, l’importance du principal taux directeur de la BCE. Ce taux est en effet celui auquel la Banque centrale européenne prête à court terme aux banques. C’est donc un levier de lutte contre l’atonie : en permettant aux banques de se refinancer quasi-gratuitement, la BCE espère aujourd’hui relancer le crédit aux entreprises et aux particuliers, et avec eux l’économie européenne.

Baisse à attendre pour les livrets fiscalisés

Le taux directeur de la BCE a également une influence directe sur la rémunération des livrets d’épargne. Il donne en effet le la d’autres taux courts du marché, notamment de l’Eonia, qui représente le coût des prêts que s’accordent, au jour le jour, les banques entre elles. Cet Eonia sert de référence aux établissements, qui accordent généralement les rémunérations de leurs livrets d’épargne sur son évolution.

Depuis le 29 août dernier, l’Eonia est passé, pour la première fois de son histoire, en territoire négatif. Ce qui signifie que les banques payent pour pouvoir prêter des fonds à d’autres banques d’un jour sur l’autre. Et la récente annonce de la BCE pourrait accentuer ce phénomène. Conséquence : la baisse de la rémunération moyenne des livrets d’épargne ordinaires, qui est tombée à 1,12% avant fiscalité et hors inflation en juillet, n’a dans l’immédiat aucune raison de s’interrompre.

L’épargne réglementée mieux protégée

La baisse du taux du Livret A, le 1er août dernier, a fait beaucoup jaser, et entraîné une décollecte nette d’un milliard d’euros en juillet. Toutefois, l’épargne réglementée est a priori mieux armée pour résister à l’influence du taux directeur de la BCE.

Contrairement aux livrets fiscalisés, le Livret A n’est pas seulement indexé sur l’Eonia, mais aussi sur l’indice des prix à la consommation. Depuis 2010, c’est d’ailleurs uniquement en fonction de ce critère que son taux évolue. L’inflation est certes très faible actuellement (0,4% en juillet), mais reste supérieure à l’Eonia.

Le Livret A (et avec lui le Livret de développement durable, le LEP et le CEL notamment) dispose d’un autre atout. En tant que symbole de l’épargne populaire, chaque baisse de sa rémunération soulève l’indignation des Français. Ce qui encourage le pouvoir politique à contenir sa chute, comme il en a la possibilité. Il ne s’en prive d’ailleurs pas : les trois dernières révisions du taux du Livret A ont donné lieu à des interventions du gouvernement en ce sens.