Confrontés à une hausse des saisies de faux billets en euros en 2013 (1), le ministère de la Justice a publié cet été une circulaire destinée à améliorer la « coordination de la politique pénale en matière de contrefaçon ». Le document recèle quelques informations intéressantes sur la fabrication et la stratégie de distribution de cette fausse monnaie.

Selon la Banque centrale européenne, 670.000 faux billets ont été saisis en zone euro l’an dernier, contre 531.000 en 2012. Une hausse qui « a été (…) plus importante en France » que dans les autres pays, explique la circulaire.

Près de 80% de la fausse monnaie écoulée dans l’Hexagone est fabriquée à l’étranger, dans des imprimeries professionnelles de type offset « alliant quantité et qualité ». Premiers producteurs : les grands réseaux criminels opérant en Italie, « en particulier la Camorra napolitaine », qui utilisent principalement la route pour l’acheminement. Les autres billets falsifiés viennent d’Europe de l’Est (Bulgarie, Lituanie, Pologne), de Grande-Bretagne ou d’Amérique Latine.

Une quinzaine d’officines démantelées chaque année en France

Le pourcentage des fausses coupures produites en France est de l’ordre de 10%. Dans ce cas, elles ne sortent pas d’imprimeries offset mais de « chaînes graphiques numériques ». Le résultat est de moindre qualité mais beaucoup moins cher à produire, grâce à « la diffusion de matériels informatiques performants et bon marché (ordinateurs, imprimantes/scanners, logiciels de traitement de l'image) ». « Une quinzaine d'officines de production en chaîne graphique numérique est démantelée chaque année dans notre pays », estime la circulaire.

Les trois régions françaises les plus touchées par le phénomène sont l'Ile-de-France, Provence-Alpes-Côte-d'Azur et Rhône-Alpes. Pour écouler leur marchandise, les faux-monnayeurs utilisent une multitude de « mules », qui n’écoulent qu’un billet à la fois, souvent de 20 ou 50 euros, des coupures qui éveillent moins la vigilance des commerçants. L’objectif est de faire des achats de petit montant pour récupérer le maximum de monnaie. Une stratégie qui minimise « les risques de poursuites, en se prévalant d'une prétendue qualité de porteur de bonne foi en cas d'arrestation ».