Le Premier ministre Manuel Valls a « cédé au lobby des rentiers et des spéculateurs », ont dénoncé mercredi plusieurs associations qui viennent en aide aux mal-logés, regrettant notamment le « détricotage » de la loi Alur sur l'encadrement des loyers.

A l'appel d'une trentaine d'associations (Droit au Logement, Confédération syndicale des Familles, Confédération nationale du logement, etc.) , mais aussi de syndicats (CGT, FSU, Solidaire, syndicat de la magistrature, etc.) et partis politiques (Front de gauche, Parti de gauche, EELV), environ 200 personnes se sont rassemblées mercredi soir place du Palais Royal, avant de se rendre jusqu'à Matignon pour fustiger « la reculade du gouvernement ».

Derrière des banderoles sur lesquelles on pouvait lire « Baisse des loyers, stop aux expulsions », les manifestants ont défilé en agitant des pancartes : « loyers trop chers, bientôt camping sur les campus », ou « Valls descends sur terre, loyers trop chers » et en affirmant qu'« un toit, c'est un droit ».

La loi Duflot « contenait des avancées »

Manuel Valls a dévoilé vendredi une batterie de mesures visant à sortir la construction de logements du marasme, avec des carottes fiscales en direction des investisseurs et des ménages, et a sévèrement retoqué la loi Alur de Cécile Duflot, avec le quasi abandon de l'encadrement des loyers qui ne sera lancé qu'à Paris « à l'automne » et « à titre expérimental ». A la demande de la maire PS de Lille Martine Aubry, Manuel Valls a finalement accepté dimanche que d'autres villes volontaires puissent expérimenter cet encadrement des loyers.

Mais pour les associations, cela va conduire à « une rupture d'égalité sur le territoire », a expliqué Elodie Fumet, de la Confédération syndicale des Familles (CSF), lors d'une conférence de presse mercredi matin. Jean-François Chalot, du Conseil national des associations familiales laïques (Cnafal), a de son côté déploré « la remise en cause, par le Premier ministre, d'une loi adoptée par le Parlement ».

« Le Premier ministre a cédé au lobby de l'immobilier, des rentiers et des spéculateurs », a insisté Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de l'association Droit au Logement. Selon lui, « si la loi Duflot restait insuffisante, elle contenait cependant des avancées. On nous enlève les rares possibilités d'encadrer les loyers indécents de logements indécents ».

Un plan qui « renforce le patrimoine des plus riches »

Le plan de relance du logement prévoit notamment un abattement exceptionnel de 30% de l'impôt sur le revenu et des prélèvements sociaux sur les plus-values en cas de cession de terrains à bâtir avant le 31 décembre 2015, et un abattement exceptionnel de 100.000 euros pour les donations de nouveaux logements neufs aux enfants et petits-enfants réalisées jusqu'à fin 2016. Ce plan vient « renforcer le patrimoine des plus riches et les aider à loger leurs enfants », a déploré Jean-Baptiste Eyraud.

L'encadrement des loyers réclamé dans les grandes villes

Les associations demandent que les maires des grandes agglomérations mettent en œuvre l'encadrement des loyers, à l'instar de Lille et Grenoble qui ont promis de le faire. Vincent Bordenave, de l'Unef, réclame lui que toutes les villes universitaires le fassent, car les étudiants, souvent obligés de loger dans le privé faute de place en cité universitaire, consacrent en moyenne 57% de leur budget au logement.