Le taux d’endettement moyen des emprunteurs souscrivant un crédit à l’habitat a enregistré l’année dernière sa plus forte baisse depuis 2001, tout en restant en 2013 à un niveau élevé de 30%. Les emprunteurs affichant un taux d’effort de 35% et plus sont de plus en plus rares. Les primo-accédants ont également diminué leur niveau d’endettement.

Les ménages français seraient-ils plus prudents en ce qui concerne leur prêt immobilier ? Les dernières données de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) le laissent penser. Dans son analyse « le financement de l’habitat en 2013 », publié ce mois-ci, l’ACPR constate que le taux d’effort (1) moyen des emprunteurs a baissé entre 2012 et 2013 pour aboutir à 30% l’année dernière. Un recul certes limité à 0,8 point mais qui constitue tout de même “sa plus forte baisse depuis 2001” note le rapport.

Baisse du taux d'endettement des primo-accédants

La baisse du taux d’effort moyen est en partie imputable aux primo-accédants qui ont tendance à moins s’endetter pour l’achat de leur résidence : leur taux d’effort atteignait environ 31% fin 2012. Un an plus tard, il a baissé de 0,5 point. Par prudence de leur part ou par une sélection plus stricte imposée par les banques ? Sur cette période, “les critères d’octroi sont […] restés relativement inchangés” répond l’ACPR dans son rapport.

Le taux d’effort moyen baisse également grâce au recul de la part des emprunteurs les plus endettés : entre 2008 et 2013, la part des emprunteurs à plus de 35% d’endettement est passée de 26,4% à 23,1% (-2 points sur la seule dernière année). Soit le plus bas niveau de ces dix dernières années. Il s’agit d’une « clientèle plutôt aisée (cadres, artisans, professions libérales, chefs d’entreprises) qui réalise une opération patrimoniale » explique l’ACPR. Une population qui ne présente que peu de risque. D’ailleurs, l’institution précise dans son analyse que “le risque de défaut de l’emprunteur a tendance à croître avec le taux d’effort dès lors que celui reste inférieur à 35%”, alors qu’au-delà “la relation s’inverse” constate l’ACPR. Cette part des emprunteurs semble donc s’être détournée d’elle-même de l’investissement immobilier.

Les prêts à taux fixe de plus en plus sollicités

Autre comportement qui reflète une certaine prudence de la part des emprunteurs : ils continuent à plébisciter les prêts à taux fixe. En cette période de taux historiquement bas, la part de la production réalisée à taux fixe poursuit sa progression pour atteindre 92,8% fin 2013. Les prêts à taux variable ne représentent plus que 6% de la production ; ceux à taux variable « sec » (2), « qui présentent le risque le plus élevé pour les emprunteurs » rappelle le rapport, ont fortement chuté ces dernières années pour ne plus représenter que 1,5% de la production en 2013.

L’année dernière, les emprunteurs ont également fait le choix de crédits à l'habitat plus courts : de 19,8 ans en 2012, la durée initiale des prêts s’est réduite à 19,1 ans en 2013. En revanche, en dépit de la baisse des prix de l’immobilier, le montant moyen du prêt a continué de progresser l'année dernière pour s’établir à 142.264 euros (+6.400 euros par rapport à 2012).

(1) Le taux d’effort est le ratio des charges de remboursement / revenu. (2) Les crédits à taux variable « sec » sont sans « cap » sur les taux d’intérêt.