Pour un particulier, placer son argent sur un Livret A ou un LDD, c’est à la fois se constituer une épargne de précaution, sans risque, et avoir une idée globale de l’utilisation de cet argent : environ un tiers utilisé par les banques pour financer les PME et l’habitat écologique, le reste par la Caisse des dépôts pour le logement social. Oui mais… l’argent collecté par cette dernière ne finance pas uniquement le logement social. Environ 100 milliards d’euros sont placés sur les marchés financiers. Explications.

Où va l’argent placé sur les Livrets A et Livrets de développement durable (LDD) ? Du point de vue des particuliers, il a une utilité citoyenne et sociale puisqu’il a vocation à financer le logement social et la politique de la ville. C’est le cas pour, en moyenne, 59,5% des sommes placées selon l’Observatoire de l’épargne réglementée. Celles-ci sont centralisées au sein du fonds d’épargne et gérées par la Caisse des dépôts et consignations (CDC). Les 40,5% restants devant selon la réglementation être utilisés par les banques pour financer les PME ou des travaux d’économies d’énergie dans les bâtiments anciens.

Lire à ce propos : Banques : où se trouve l'argent du Livret A et du LDD ?

Les 59,5% des Livrets A et LDD centralisés, auxquels il faut ajouter 50% des Livrets d’épargne populaire (LEP), abondent donc le fonds d’épargne. Selon le rapport 2013 de l’Observatoire de l’épargne réglementée, l’encours des dépôts centralisés au fonds d’épargne s’élève à 243,3 milliards à la fin 2013 (1). Or, en parallèle, l’encours global des prêts du fonds d’épargne alloués au logement social et à la politique de la ville ne représente que 137 milliards d’euros. Bilan : un écart de 106 milliards. Certes, il faut prendre en compte 21 milliards de prêts supplémentaires alloués à des collectivités locales ou aux PME, par exemple. Mais l’écart entre dépôts et crédits dépasse tout de même les 85 milliards à la fin 2013.

Un portefeuille d’actifs financiers de 99 milliards

Qu’advient-il de cet argent ? La réponse se trouve dans le rapport d’activité 2013 du fonds d’épargne : « Les ressources du fonds d’épargne qui ne sont pas consacrées aux prêts sont investies en actifs financiers. » Fin 2013, ce portefeuille d’actifs financiers se chiffrait à 99 milliards d’euros (2). La part de ce portefeuille investie en actions était de 11% selon le rapport d’activité du fonds d’épargne, les 89% restants étant placés sur des « produits de taux » (obligations, dérivés, etc.).

Ce portefeuille d’actifs financiers a son utilité. Il permet selon la Caisse des dépôts « d’assurer la rémunération et la liquidité de l’épargne populaire », la disponibilité de ces actifs étant nécessaire « en cas de baisse des encours de dépôts » par exemple. Bref, il s’agit d’une marge de sécurité.

A-t-elle besoin d’être si importante ? Car dans les textes, la marge minimale est fixée selon un ratio de 1,25 entre dépôts et crédits. Concrètement, la CDC pourrait donc prêter jusqu’à 194 milliards d’euros. Soit bien plus que les 158 milliards effectivement prêtés à ce jour. Raison pour laquelle la CDC affiche sa volonté de développer les prêts au logement social…

(1) Capitalisation comprise.

(2) Aux 243,3 milliards de dépôts, il faut ajouter 16 milliards d’« autres passifs » à la colonne passif, ce qui explique la différence entre l’écart annoncé et le portefeuille d’actifs financiers.