Opérationnel depuis le 6 mars dernier, le Plan d’épargne en actions dédié aux PME et ETI, surnommé PEA-PME, n’a drainé que 264 millions d’euros selon les estimations de la société d’investissement Arkéon Finance, soit un total assez loin des objectifs évoqués, qui portent toutefois sur l’horizon 2017. Parmi les causes de ce « démarrage lent », la faible présence des grands réseaux bancaires sur le marché du PEA-PME.

Plus de 3 mois après le lancement effectif du PEA-PME, la société Arkéon Finance (1) a publié cette semaine une étude sur la collecte de ce produit censé orienter l’épargne financière des Français vers les PME et entreprises de taille intermédiaires (ETI). Bilan : un « démarrage lent » ou une « panne sèche », Arkéon laissant au lecteur le choix de l’interprétation.

L’encours des PEA-PME aurait atteint 264 millions d’euros au 31 mai, soit en presque 3 mois d'existence. Selon l'hypothèse de cette société d'investissement, 90% des encours des comptes sont placés sur des fonds éligibles au PEA-PME, 10% étant investis sur des titres en direct.

Morningstar plus optimiste

Cette estimation apparaît légèrement plus pessimiste que celle communiquée le mois dernier par la société d’analyse financière Morningstar, qui évoquait une collecte de 230 millions d’euros sur les seuls fonds PEA-PME à fin avril, soit un mois avant le décompte d’Arkéon. Arkéon pointe tout de même la faiblesse de la collecte en la comparant avec les 4,5 à 7,5 milliards évoqués par certains acteurs sur 3 ans : « l’objectif n’est rempli qu’à 3% ou 4% ».

En août 2013, Bercy avait refusé de communiquer un objectif précis en termes de collecte, annonçant qu’un premier bilan serait réalisé un an plus tard, donc a priori à la fin de l’été 2014. En revanche, l’association PME Finance, qui a milité pour la création d’un tel produit d’épargne, a chiffré précisément des perspectives. L’hypothèse la plus basse : 4,5 milliards d’euros fin 2017, ce qui correspond à 60.000 PEA-PME - le gouvernement estimait à 60.000 le nombre de PEA au plafond l’été dernier - saturés au plafond de 75.000 euros.

Lire à ce propos : PEA-PME : 60.000 à 200.000 souscripteurs potentiels en 2014 selon PME Finance

Parmi les raisons évoquées par Arkéon pour expliquer la faiblesse de la collecte : « Les réseaux bancaires et les conseillers en gestion de patrimoine n’ont pas réellement débuté la promotion du PEA-PME auprès de leur clientèle. » Pour montrer que les grands réseaux bancaires « ne sont pas encore entrés en action sur la commercialisation du PEA-PME », Arkéon mesure la répartition de la collecte des fonds éligibles au PEA-PME entre sociétés de gestion indépendantes (45%), sociétés de gestion des grands réseaux (35%) et sociétés de gestion de banques privées (20%) depuis le 5 mars. Cette statistique montre en effet que les indépendants sont bien plus actifs sur ce marché que les banques puisque, sur l’encours total de ces fonds – plusieurs existaient avant mars 2014 et ont été étiquetés « PEA-PME » depuis -, les sociétés liées aux grands réseaux bancaires en gèrent 51%.

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Une collecte au profit de sociétés non-françaises

Autre constat d’Arkéon : si le PEA-PME a été créé pour drainer en priorité l’épargne financière des Français vers les PME et ETI françaises, les sociétés de gestion ont orienté près de 45% de la collecte vers des entreprises européennes étrangères, 55% étant investie dans les entreprises françaises. Arkéon propose en conséquence de rendre le cadre du PEA-PME légèrement plus contraignant.

(1) Le groupe Arkéon, qui assure parmi diverses activités de la gestion de portefeuille de PEA-PME, a notamment réussi à mettre la main sur le domaine Pea-pme.fr, l’association PME Finance, moteur dans l’élaboration de ce plan d’épargne, utilise pour sa part le domaine Peapme.org.