Les Caisses d’Epargne ont lancé jeudi dernier leur Compte sur Livret Régional. Objectif : financer des projets locaux. Le Crédit Agricole et plusieurs Banques Populaires proposent aussi des produits similaires. Comment savoir si l’argent collecté est investi à 100% localement ? Et en quoi est-ce un changement par rapport à la politique actuelle d’investissement local des mutualistes ? Eléments de réponses.

« Qu’est-ce que vous faites, vous, au Crédit Agricole de l’argent qu’on vous confie ? » Question posée par un client de la banque verte dans une publicité. Réponse du conseiller : « En fait, l’argent que vous nous confiez reste dans la région, il reste vraiment ici ! » Dans ce spot télévisé de 30 secondes, le Crédit Agricole ne s’attarde pas sur son Livret Sociétaire, son outil d’épargne « utile aux initiatives locales » selon la présentation de la banque. Cependant, cette campagne illustre bien la volonté de communiquer autour du concept d’épargne utile. En cela, elle rejoint le lancement la semaine passée par la Caisse d’Epargne de son Compte sur Livret Régional.

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Désormais, trois grands réseaux mutualistes proposent une offre similaire : le Compte sur Livret Régional à la Caisse d’Epargne, le Compte sur Livret Sociétaire au Crédit Agricole et le Livret 100% Région, ou ses déclinaisons, à la Banque Populaire.

Des taux peu attractifs

Avec ces produits d’épargne, fiscalisés, ces banques mutualistes ne misent pas sur le rendement pour séduire leurs clients. Les taux varient d’une banque et d’une région à une autre mais ils se situent en grande majorité dans la fourchette 1%-2%, souvent à 1,50%. Mieux que les comptes sur livret standards mais pas de quoi concurrencer les « super-livrets » affichant un taux promotionnel. Le principal argument de vente pour ces produits est l’idée d’aiguiller l’épargne vers l’économie locale.

Le Crédit Agricole Alsace Vosges fait la promotion du Livret Utile, réservé aux sociétaires, lancé le 13 décembre dernier, avec le slogan « 100% utile 100% local ». Objectif : « convaincre en 2014 près de 10.000 clients supplémentaires de devenir sociétaires et financer ainsi 1.500 projets », associatifs ou de PME du territoire, assure Michel Lefrançois, directeur général du Crédit Agricole Alsace Vosges. Interrogé la semaine passée, il annonçait l’ouverture de 4.000 Livrets Utiles pour une trentaine de dossiers financés.

La nouveauté : savoir où est investie l’épargne

Reste à prouver aux épargnants que leurs économies sont réellement utiles à des projets de leur région. Par quel biais ? « Une information précise sera bien entendu communiquée lors des assemblées générales de caisse locale », affirme Michel Lefrançois, ajoutant que les sociétaires connaîtront ainsi les financements octroyés localement et le nombre d’entreprises soutenues.

La Banque Populaire Atlantique a pour sa part lancé un Livret Investissement Local, ouvert à tous les particuliers, à la mi-septembre 2013. Là encore, l’objectif du 100% « économie locale » est affiché. 61,5 millions d’euros ont déjà été collectés. Pour quelle information sur l’utilisation des fonds ? « En mars nous allons envoyer un e-mail à l'ensemble des détenteurs de Livret Investissement Local pour les informer de projets réalisés sur nos régions et différents départements », répond le directeur général adjoint de la Banque Populaire Atlantique, Yvan Parrot.

La semaine passée, la Caisse d’Epargne a promis une « information permanente » sur ce point pour son Compte sur Livret Régional. Selon Marc Potel, responsable RSE (responsabilité sociétale des entreprises) à la Caisse d’Epargne Bretagne Pays de la Loire, « il y aura une information sur le site internet sociétaire. L’idée, c’est que les épargnants puissent consulter la liste des investissements quand ils en ont envie ».

Réelle nouveauté ou instrument de communication ?

Cependant, si l’épargne collectée via ces livrets est totalement réinvestie dans l’économie locale, la collecte réalisée sur d’autres types de supports sert déjà à prêter à des entreprises du territoire couvert par les caisses locales. « Nous sommes une banque de proximité ancrée sur son territoire », appuie Yvan Parrot, de la Banque Populaire Atlantique. « Aussi, l'épargne collectée contribue-t-elle pour la quasi-totalité à réaliser des crédits à nos clients particuliers, professionnels et PME de notre territoire. Le Livret Investissement Local permet d'augmenter nos enveloppes de crédit à destination des professionnels et PME. Nous avons pris l'objectif de distribuer en 2014 630 millions d’euros à nos clients. »

Michel Lefrançois, du Crédit Agricole Alsace Vosges, rappelle lui qu’une « partie de la collecte réglementée », notamment via le Livret A, est « obligatoirement remontée à la Caisse des Dépôts et Consignations », ce qui permet notamment de financer des prêts aux logements sociaux, mais au niveau national. La « collecte résiduelle » est elle « investie localement ». Mais pour Marc Potel, de la Caisse d’Epargne Bretagne Pays de la Loire, le principal changement se situe au niveau de l’information auprès des clients : « Nous avons désormais une traçabilité et un fléchage des fonds. » Reste à tester le dispositif d’information.