Né après la crise de 2009, Pandat est un courtier en ligne spécialisé dans les dépôts à terme pour les entreprises, associations et institutionnels. La plateforme propose notamment aux professionnels des comptes à terme pour leur trésorerie. Le dirigeant et co-fondateur de Pandat, David Guyot, revient sur le positionnement original de son entreprise. Interview.

Quand et comment est né Pandat ?

« Nous avons fondé Pandat avec mon associé [Thomas Forest, ndlr] en juillet 2009 après le début de la crise financière. L’idée était de proposer aux professionnels des produits peu risqués, et seulement cela. La demande était alors très forte à la fois du côté des banques mais aussi des professionnels. En effet, nos clients souhaitaient réellement revenir sur des produits plus lisibles et moins risqués. De l’autre côté, les banques essayaient de collecter les euros qu’elles allaient ensuite pouvoir prêter. Avec les nouvelles règlementations bancaires, dîtes Bâle III, le mode de fonctionnement des banques est vraiment en train de changer. Elles font maintenant davantage appel à l’épargne bilancielle. »

Quels produits proposez-vous ?

« Nous faisons uniquement des dépôts à terme, un peu de comptes sur livret et quelques comptes courants rémunérés, uniquement pour les personnes morales qui cherchent à optimiser leur trésorerie. Nous ne nous adressons pas aux particuliers. Les comptes à terme sont des placements simples où les rémunérations et conditions de sortie sont connues à l’avance. Les comptes sur livrets sont réservés au secteur associatif et à celui du logement social : ces placements sont très intéressants pour eux puisque cela leur permet d’avoir à la fois accès à une liquidité quotidienne mais aussi de profiter de rendements qui sont supérieurs à ceux du Livret A. Généralement, la trésorerie des entreprises et associations est placée sous forme d’OPCVM monétaires, rémunérés à 0,40%. En allant sur des placements plus longs, tels que les comptes à terme, nous parvenons à servir du 2% de rendement à nos clients. La différence n’est pas négligeable. On ne peut pas dire aujourd’hui qu’il existe des produits sans risque mais ceux que nous proposons sont les plus sûrs. »

Comment fonctionne votre plateforme ?

« Les clients s’inscrivent sur notre site, via un formulaire, où ils saisissent leur nom et leur Siren. On leur demande plusieurs pièces justificatives de façon à s’assurer qu’il y a bien une société réelle derrière l'entité qui place les fonds. Ensuite, très concrètement, la meilleure rémunération que nous proposons s’affiche sur la plateforme, elle est en moyenne 20% supérieure à ce proposent les banques de nos clients. Puis, si le client le désire, il est mis en relation par e-mail avec la banque sélectionnée. Enfin, l’opération se fait directement entre le professionnel et la banque qui le recontacte. Pandat ne manipule jamais de fonds. »

Avez-vous un pouvoir de négociation sur les rendements ?

« Oui, nous négocions les taux en amont. Nous réalisons un travail de mise en place de partenariats avec les banques. Nous travaillons avec de très nombreuses banques françaises, notamment des banques coopératives et mutualistes en régions (1), pour obtenir les meilleurs rendements. Concrètement, nous allons chercher les prix à l’usine auprès de la direction financière des banques. Ce sont des prix bruts, aux meilleurs niveaux, que l’on propose à nos clients. Aujourd’hui, les rendements que nous proposons sont un peu inférieurs à ce qui est servi aux particuliers : sur trois ans, nos comptes à terme affichent du 2,50% de rendement, sur cinq ans nous parvenons à dépasser les 3%. Historiquement, ce sont des taux très bas mais aujourd’hui, en France, ce sont de très bons niveaux de rémunération. »

De quelle manière êtes-vous rémunérés ?

« Nous sommes rémunérés en tant qu’apporteur d’affaires par les banques. Et par toutes les banques de la même façon. Par conséquence, ce service est sans frais pour le client. Nous avons un buisness model qui est assez proche de celui des courtiers en crédits immobiliers. »

Pouvez-vous chiffrer les placements que vous avez géré jusqu’ici ?

« Nous avons dépassé le milliard d’euros de placements pour nos clients. Aujourd’hui, l’encours des comptes à terme pour les entreprises est de 150 milliards d’euros, nous souhaitons prendre 25% de part de marché sur le courtage des placements pour les personnes morales. Actuellement, nos clients placent de 50.000 euros à plus d’un million d’euros. »

Quel est votre chiffre d’affaires ?

« Nous sommes à l’équilibre en 2013 (2). »

Les produits que vous proposez sont restreints. Avez-vous la volonté de proposer un panel de produits plus large dans le futur ?

« Non, Pandat vient de Pan qui signifie tout en grec et de DAT qui est l’acronyme de dépôt à terme donc le compte à terme est vraiment inscrit dans l’ADN de notre entreprise. Notre volonté est réellement d’aller sur des produits simples. On l’a bien vu le jour où les OPCVM monétaires dynamiques ont perdu leur liquidité, le résultat a été désastreux pour les entreprises qui avaient misé dessus : certains clients n’ont pas réussi à payer leurs salariés… Chez Pandat, on pense vraiment que le compte à terme est le produit qui correspond le mieux aux entreprises et aux associations. »

(1) Pandat travaille notamment avec les banques du groupe BPCE, les Caisses d’Epargne et les Banques Populaires, ainsi que les caisses régionales du Crédit Agricole.

(2) David Guyot n’a pas souhaité communiquer le chiffre d’affaires de sa société.