L'année 2014 devrait voir le développement, en France, d'une nouvelle génération de terminaux de paiement par carte bancaire, à destination notamment des artisans, des petits commerçants et des PME. Plus légers et moins chers, ils s'appuient sur les smartphones et les tablettes, qu'ils transforment en véritables caisses enregistreuses. Le point sur les promesses de ce nouveau marché.

Transformer un smartphone ou une tablette tactile en terminal de paiement mobile et en caisse enregistreuse : c'est l'idée de génie qui a fait le succès de Square aux Etats-Unis. Fondée en 2009 (notamment par un des co-créateurs de Twitter, Jack Dorsey), cette société a développé un petit boîtier et une application capables de gérer les paiements par carte : le premier se branche à la prise casque de l'appareil mobile et lit les informations contenues dans la piste magnétique de la carte bancaire ; la seconde gère l'authentification du client et l'opération proprement dite. Très accessible — l'application et le boîtier sont gratuits, Square se rémunère en prélevant 2,75% du montant de la transaction — le système permet à des artisans, des petits commerçants et des PME de disposer d'une solution simple pour accepter les cartes bleues. Mais il a aussi convaincu des géants comme la chaîne de cafés Starbucks, qui utilisent Square dans ses franchises aux Etats-Unis.

Payleven, le Square européen ?

Après avoir conquis l'Amérique, Square envisage logiquement de développer son activité à l'international. C'est déjà le cas au Canada et au Japon, mais pas encore en Europe. Dans sa forme actuelle, l'écosystème Square est en effet difficile à transposer sur le vieux continent, où les terminaux de paiement n'utilisent pas la piste magnétique, mais la puce de la carte bancaire.

Du coup, le marché européen de l'encaissement des paiements sur mobile est actuellement l'objet de convoitises, notamment en France. Un des candidats à la place de leader sur ce nouveau marché est Payleven. Cette start-up allemande, créée en 2012, a déjà posé des jalons en Belgique, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, en Italie, en Espagne, en Pologne, en Autriche et même au Brésil. Elle vient d'arriver en France, pour l'instant en version test. Son modèle économique est très proche de celui de Square : Payleven prélève 2,75% du paiement effectué par son intermédiaire. La différence se situe dans son terminal de paiement : connecté en bluetooth au smartphone ou à la tablette, il utilise, comme les terminaux de paiement traditionnels, la puce de la carte bancaire et l'authentification par code à 4 chiffres. Plus sophistiqué que celui de Square, ce terminal est payant : 79 euros HT, voire 289 euros HT si on lui adjoint une imprimante mobile pour éditer des reçus papier.

Le Crédit Agricole et BNP Paribas réagissent

Et les banques dans tout ça ? Attaquées sur l'une de leurs premières sources de revenus dans la banque de détail (1), elles ont pourtant tardé à réagir. Mais elles semblent finalement prêtes, en 2014, à prendre cette nouvelle concurrence au sérieux. Le Crédit Agricole, et sa filiale LCI, vont ainsi commencer à tester en janvier, chez 300 commerçants, une solution proche de celle de Payleven.

A une différence près toutefois : l'accessibilité et la tarification. Selon le blog spécialisé dans les innovations bancaires « C'est pas mon idée », Smart TPE (au Crédit Agricole) et Monem Mobile (chez LCL) seront réservés aux clients des deux banques. Et, en terme de tarifs, « les hypothèses actuelles suggèrent un ticket d'entrée de 100€ (pour le lecteur de carte), un abonnement mensuel de 10 à 15€ et des commissions sur transaction à un niveau habituel (de l'ordre de 0,6 à 0,8%) ».

Autre enseigne à préparer la riposte face aux start-ups, BNP Paribas s'est associé avec l'un des leaders mondiaux des terminaux de paiement, Ingenico, pour développer, également sur le modèle de Square, Mobo. Les service est également en phase d'expérimentation dans trois pays : la France, mais aussi la Belgique et l'Italie et devrait être généralisé courant 2014.

(1) En 2010, des députés UMP, auteurs d'un amendement sur la question, chiffraient à 3 milliards d'euros le montant annuel des commissions interbancaires de paiement facturées en France chaque année.