L'Autorité des marchés financiers (AMF) a annoncé jeudi avoir infligé des amendes de 10.000 et 8.000 euros à deux blogueurs à l'origine de rumeurs sur Société Générale en août 2011.

Dans une décision prise le 7 novembre, la Commission des sanctions, seule habilitée à sévir au sein du gendarme boursier, a considéré que les deux blogueurs avaient « diffusé une information inexacte sur le niveau d'endettement de cet établissement bancaire ». C'est la première fois que l'AMF a appliqué son règlement concernant la diffusion d'informations inexactes pour une affaire qui s'est déroulée sur internet. Société Générale avait été sous le feu des marchés en août 2011, au plus fort de la crise de la dette en zone euro, les investisseurs s'interrogeant sur sa solidité financière.

Le premier blogueur, Jean-Pierre Chevallier, a été condamné à 10.000 euros d'amende. Il est accusé d'avoir communiqué un ratio de solvabilité (capitaux propres par rapport aux dette) erroné à 2% au 30 juin 2011, contre 9,3% en réalité, faisant croire ainsi que la banque ne respectait pas les règles comptables en vigueur. De surcroît, l'AMF a noté « qu'il ne pouvait pas échapper » à M. Chevallier que l'information était inexacte, étant lui-même un ancien professeur des universités enseignant l'analyse financière.

La sanction dont il a écopé tient toutefois compte, précise le gendarme boursier, du fait que son comportement n'a pas eu de conséquence sur le titre, qui a atteint son plus bas le 10 août 2011, jour où la valeur a perdu plus de 20% en séance.

Le deuxième blogueur, un américain professionnel de la finance nommé Mike Shedlock, a été condamné à une amende de 8.000 euros. Il a relayé les informations de M. Chevallier sans faire les vérifications élémentaires et a été « fortement incité » par ce dernier « à procéder à la diffusion incriminée », selon l'AMF.

Pas de sanction contre le Mail on Sunday

Ce n'est pas la première fois que l'AMF est amenée à se prononcer sur les rumeurs concernant Société Générale à l'été 2011. Dans une autre affaire, l'AMF avait en effet décidé de ne pas ouvrir de procédure de sanction à l'encontre du journal britannique Mail on Sunday.

L'AMF avait alors constaté que le Mail on Sunday avait diffusé dans un article du 7 août 2011 des informations sur la situation financière de la banque française « qui exagéraient gravement la réalité », au point que cela « a pu influencer à tort le marché ». Pour autant, le régulateur avait remarqué que le journal avait rectifié rapidement les informations en cause après un échange avec Société Générale.