En novembre 2013, les taux fixes des prêts immobiliers restent stables, voire baissent légèrement, selon les courtiers spécialisés. La tendance était pourtant à la hausse depuis le début de l’été. Reste à savoir si ce retournement sera ponctuel ou s’il va durer.

Les taux fixes de crédit immobilier remontaient doucement mais de manière continue depuis le début de l’été 2013, après un printemps synonyme de taux très bas. Pour le mois de novembre, les banques ont pourtant opté pour la stabilité, selon les courtiers. Meilleurtaux indique ainsi dans son baromètre mensuel que 65% des établissements qu'il a sondés ont choisi de conserver leurs barèmes à l’identique d'octobre à novembre. Une moindre proportion a baissé ses taux fixes mais certains établissements les auraient dévalué plus fortement, jusqu’à -0,30 point. Une seule banque interrogée par Meilleurtaux a fait un choix à contre-courant en remontant ses taux.

Le courtier évoque ainsi un taux fixe moyen pour un prêt sur 15 ans de 3,08% en novembre contre 3,11% le mois dernier, et de 3,39% sur 20 ans, contre 3,41% précédemment. Dans le même temps, son concurrent Empruntis constate, dans sa lettre mensuelle, une stabilité parfaite des taux fixes de marché (1) à 3,25% sur 15 ans et 3,55% sur 20 ans.

Positions nuancées sur les perspectives 2013-2014

Les courtiers se montrent ainsi assez unanimes sur l’idée d’une pause à court-terme de la hausse des taux, conséquence de la baisse de l’OAT 10 ans (2) qui donne traditionnellement le « la » de ce marché. En revanche, les différentes enseignes distillent des messages plus contradictoires quant aux perspectives.

« Une hausse des taux de crédits immobiliers n’est (...) pas envisagée si l’OAT poursuit cette tendance baissière, et n’augmente pas de manière spectaculaire au cours des prochaines semaines », écrivait mardi 5 novembre le courtier Credixia dans un communiqué. Anticipant la baisse du taux directeur de la BCE confirmée aujourd'hui, il annonçait même  « des taux de crédits immobiliers très bas jusqu’en 2014 ». Pourquoi ? Parce que  « [cette baisse] ainsi que l’importante liquidité des établissements bancaires européens devraient avoir un impact positif sur les taux de crédits immobiliers ».

Invité, mardi également, à donner son point de vue sur cette perspective,  Philippe Taboret, le directeur général adjoint d'un autre courtier, CAFPI, se voulait beaucoup moins catégorique. Il rappellait notamment que d’autres indicateurs étaient à prendre en compte : « La banque fédérale américaine (la Fed, ndlr) a signifié à plusieurs reprises qu’elle limiterait de plus en plus son soutien à l’économie. Cela va avoir un impact sur les taux longs américains. Et si ces taux augmentent, les taux français et européen devraient augmenter. Pour l’instant, la Fed nous rassure sur ce point mais je crains que les choses ne changent d’ici la fin de l’année. » Philippe Taboret penchait ainsi plutôt pour une progression des taux immobiliers lors des prochains mois, de façon modérée.

La décision de la BCE, un « signe positif pour le marché »

Suite à la décision de la BCE, Hervé Hatt, président de Meilleurtaux, a lui rallié le point de vue de Credixia : « L'annonce de la baisse du taux directeur de la Banque centrale européenne est une bonne nouvelle nous permettant de confirmer qu'on ne devrait pas assister à la remontée des taux de crédit immobilier que l'on craignait il y a quelques mois », affirme-t-il dans un communiqué publié cet après-midi. « Cette décision devrait en outre inciter les banques à continuer à accorder des crédits, même si la volonté de prêter est bien là. C'est un signal très positif pour le marché. »

(1) Taux moyen calculé sur l’ensemble des barèmes bancaires reçus par le courtier, selon la porte-parole d’Empruntis Maël Bernier.

(2) Le taux à 10 ans de l’OAT (obligation assimilable au Trésor) a atteint 2,68% le 11 septembre dernier avant de redescendre à 2,26% en ce début novembre.