Plusieurs centaines de chefs d'entreprise se sont réunis mardi soir à Lyon à l'appel du Medef et de la CGPME afin d'adresser un « carton jaune » au président de la République et lui rappeler que « seule l'entreprise est créatrice de richesses ».

Réunis pour la première fois à une tribune de chefs d'entreprise depuis la loi sur les 35 heures, le président du Medef, Pierre Gattaz, et son homologue de la CGPME, Jean-François Roubaud, ont au cours d'une conférence de presse commune indiqué que ce rassemblement n'était « pas une rébellion, pas une révolution mais une mobilisation de chefs d'entreprises qui sont en souffrance » et qu'il fallait « entendre leur cri d'alarme ».

Soulignant « l'unité patronale » les deux dirigeants patronaux ont, tour à tour, insisté sur la faiblesse des taux de rentabilité des entreprises françaises qui leur interdit d'investir et de créer des emplois, sur la lourdeur des charges sociales et des réglementations, « trois épouvantails qui font que nous sommes asphyxiés, ligotés », selon M. Gattaz qui a évoqué « le stress des patrons ». « Une taxe tous les jours, on n'en peut plus. Aujourd'hui même l'entreprise qui marche bien n'ose pas investir, car elle ne sait pas ce qu'il adviendra demain », a déclaré M. Roubaud réclamant un « bouclier emploi ». Pour sa part, M. Gattaz appelait à ce que tous les problèmes des entreprises soient « abordés à l'aune de l'emploi ».

« Gérer le pays comme une entreprise »

Tout en se fécilitant « du discours du président de la République en faveur des entreprises », les deux dirigeants ont estimé qu'il fallait des mesures concrètes « vite et fort », notamment dans le cadre des assises de la fiscalité, car « les entreprises sont exangues, axphyxiées ».

Le président du Medef a notamment demandé que les pouvoirs publics entrent « avec courage dans une baisse franche et massive des dépenses publiques », une sphère « devenue obèse » qui représente aujourd'hui 57% du PIB. Il a préconisé une baisse de 100 milliards sur cinq ans grâce notamment à des mesures comme la suppression des départements et des communes et le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux.

« Il faut gérer le pays comme une entreprise », a-t-il dit, « cela ne signifie pas réduire les services où la protection sociale mais optimiser les process ». « Chez les chefs d'entreprise, il n'y pas que de la souffrance, il y a une exacerbation et parfois de la colère. C'est un signe qu'il ne faut pas négliger », a conclu le président du Medef.

Le maire de Lyon présent

Au cours de la réunion publique, plusieurs chefs d'entreprises de Rhône-Alpes ont égrené la longue liste de leurs griefs envers la politique du gouvernement, l'assistance ponctuant chacune des interventions en brandissant une forêt de cartons jaunes. « Ce soir, nous lançons le coup d'envoi d'un mouvement de patrons militants qui ne cessera plus. Nous nous battrons sur tous les terrains pour notre chère liberté d'entreprendre », a lancé sous les applaudissements François Turcas, président de la CGPME du Rhône.

Le maire socialiste de Lyon, Gérard Collomb, assistait à la réunion. « J'espère être le trait d'union entre les chefs d'entreprises et les politiques », a confié avant la réunion le maire, accueilli à son arrivée par des applaudissements polis et quelques sifflets.