Michel Baudry est responsable de la micro-finance au sein de la Banque Populaire Atlantique, basée à Nantes. A ce titre, il est le maître d’œuvre d’une initiative baptisée Atlantique Coopération. Son objectif : accueillir au sein d’un réseau d’agences dédié la clientèle fragile de la banque et lui proposer un accompagnement spécifique. Explications.

Michel Baudry, pourquoi la Banque Populaire en est venue à lancer une initiative comme Atlantique Coopération ?

« BP Atlantique est une banque coopérative, avec des valeurs de solidarité et de proximité. Aujourd’hui, le chômage et la pauvreté augmentent, ce qui entraîne une augmentation des clients en situation difficile. L’idée est donc d’être solidaire de ces clients, en leur permettant de garder un accès aux services bancaires, et notamment au crédit. »

Quelle forme va prendre concrètement son action ?

« Atlantique Coopération est une enseigne spécifique, qui disposera à terme de son propre réseau d’agences, à raison d’une par département où BP Atlantique est présente (1). Nous venons d’ouvrir la première agence à Nantes. Elle accueillera des clients Banque Populaire fragilisés, souvent à la suite d’accidents de la vie (chômage, maladie, etc), qui ont des difficultés budgétaires, ce qui génère des frais bancaires importants. Elle sera également ouverte à des clients disposant de revenus parfois confortables, mais qui ont une facturation anormale parce qu’ils ne gèrent pas leur compte. Avec leur accord, Atlantique Coopération les prendra en gestion directe, de manière à ré-établir une relation de confiance, qui parfois n’existe plus dans leur agence, et mettre en place un suivi personnalisé. Le but sera d’assainir leur situation budgétaire pour ensuite leur permettre de réintégrer, à horizon 12 ou 18 mois, le réseau bancaire traditionnel. »

Quels services spécifiques proposerez-vous, par rapport à une agence classique ?

« Nos conseillers proposeront aux clients concernés un accompagnement personnalisé, ce qui est parfois plus difficile à faire en agence classique, par manque de temps notamment. Nous nous occuperons d’abord du fonctionnement du compte : adapter les autorisations aux besoins du client, lui proposer, par exemple, la gamme de moyens de paiement alternatifs au chèque (GPA), convention qui permet notamment de bénéficier de frais bancaires réduits. Nous gérerons ensuite, pour le compte de la BP Atlantique, tout ce qui relève du micro-crédit personnel, pour les clients qui n’ont pas accès au crédit classique. Dans ce domaine, l’essentiel des besoins de financement concerne l’employabilité et la mobilité. Nous intervenons par exemple pour les aider à se former, à réparer ou acheter un véhicule… A terme, enfin, nous allons aussi inclure dans Atlantique Coopération le rééchelonnement de crédits, le surendettement et le micro-crédit professionnel. »

Cette initiative est-elle une première au sein de la Banque Populaire ?

« Oui, le fait de regrouper toutes ces activités dans une seule agence est une première. Certaines Banques Populaires se sont déjà organisées pour mieux gérer les clients fragiles ; d’autres se sont spécialisées dans le micro-crédit professionnel. Mais aucune n’a proposé tout l’environnement. Cette expérience a valeur d’exemple pour d’autres initiatives futures. »

Le projet de loi bancaire, actuellement en discussion au Parlement, contient quelques mesures concernant les frais bancaires, l’accessibilité et le surendettement. Vous paraît-il pertinent sur ces sujets ?

« Dans ce projet de loi, il y a effectivement le projet de limiter la facturation pour les clients en situation de fragilité. Cela nous conforte, mais ça n’est pas à l’origine d’Atlantique Coopération. L’objectif n’est pas de nous prémunir par rapport à un projet de loi mais bien de favoriser l’inclusion bancaire. »

(1) La Banque Populaire Atlantique est présente en Loire-Atlantique, dans le Maine-et-Loire, en Vendée, dans le Morbihan et dans le sud du Finistère.