Le président de l'Autorité des marchés financiers (AMF) Gérard Rameix a estimé lundi que la taxe sur les transactions financières (TTF) telle qu'envisagée par onze pays européens présenterait un « risque » pour l'industrie financière et n'aurait « pas la moindre chance » de rapporter autant qu'espéré.

« Je pense effectivement que la version qui est sur la table mettrait en risque une partie de l'industrie financière française », a déclaré Gérard Rameix sur le perron de l'Elysée après avoir remis au président François Hollande le rapport annuel de l'AMF qui doit être rendu public la semaine prochaine. « Plusieurs pays importants, notamment en matière de gestion financière et de marchés financiers, à savoir le Luxembourg, l'Irlande et Londres, ne font pas partie des onze », a-t-il fait valoir, estimant que « le risque est que beaucoup d'activités puissent être facilement délocalisées pour échapper à la taxe ».

Voulue par 11 pays

Rameix a précisé que dans le courrier joint au rapport annuel de l'AMF, il mettait en garde contre « le projet existant de la Commission européenne » qui peut selon lui « avoir des conséquences économiques assez fortes en termes de délocalisation d'activités » et n'aurait de surcroît pas « la moindre chance de rapporter autant que ne le prévoit la Commission ». Il ne faudrait pas que « les avantages de cette taxe au plan du financement, soit de l'Union européenne, soit des Etats, et l'idée de faire contribuer la finance au redressement du pays qui sont des idées tout à fait populaires (...) se paient par des transferts d'activités au profit de centres moins régulés et surtout non taxés », a-t-il insisté.

Le projet présenté en février par l'exécutif européen prévoit une taxe de 0,1% sur les actions et les obligations et de 0,01% sur les produits dérivés. Voulue par onze pays (France, Allemagne, Belgique, Portugal, Slovénie, Autriche, Grèce, Italie, Espagne, Slovaquie et Estonie), la TTF est censée rapporter jusqu'à 35 milliards d'euros par an.