La vice-présidente et le directeur général de la Banque publique d'investissement Ségolène Royal et Nicolas Dufourcq ont planché lundi sur sa doctrine d'intervention et tenté de minimiser le vif échange qu'ils avaient eu à ce sujet vendredi.

La BPI doit présenter le 15 mai au Parlement le projet de doctrine sur lequel a travaillé lundi le deuxième conseil d'administration de cette banque des PME, qui rassemble en un seul établissement présent dans chaque région plusieurs outils de financement et d'investissement de l'économie française.

Interrogée par la presse sur d'éventuelles « divergences de vue » au sein de la BPI sur le choix des entreprises à aider, Mme Royal a répondu qu'il fallait « une certaine liberté de parole dans la mise en œuvre d'un nouvel outil ». Elle a assuré que les dirigeants de la nouvelle banque travaillaient en « bonne intelligence ». « Nous sommes conscients, les uns et les autres, de la gravité de la crise économique », a-t-elle déclaré.

Désaccord entre le directeur général et la vice-présidente

Mme Royal avait qualifié vendredi à Rouen « de grave dérapage » les propos du directeur général de cet établissement, qui avait déclaré mercredi que le sauvetage de Petroplus ou des hauts-fourneaux de Florange n'aurait pas représenté « un bon business ». « Notre agenda, c'est la France de 2030. Petroplus, est-ce la France 2030 ? », s'était-il interrogé. « La BPI est là pour prendre des risques, parfois elle perdra, parfois elle gagnera », avait rétorqué Mme Royal.

Lorsqu'il avait présenté le projet en conseil des ministres le 17 octobre, le ministre de l'Economie et des Finances Pierre Moscovici avait semblé clairement montrer la voie en direction des filières d'avenir. « Ce n'est pas un outil défensif, c'est un outil offensif, n'en faisons pas un pompier », avait-il lancé devant la presse.

« On peut bâtir l'avenir aussi avec des entreprises qui momentanément sont en mutation industrielle », a répondu lundi Mme Royal interrogée sur cet épisode. « Cette mutation industrielle-là, ces entreprises qui sont momentanément en difficulté, si la banque publique intervient, c'est pour qu'elles sortent justement de ces difficultés et se repositionnent vers le futur, ne serait-ce qu'avec la mutation énergétique », a-t-elle expliqué.

« Il faut être très clair », a ajouté Nicolas Dufourcq, en précisant que la banque n'interviendrait à la rescousse de telles entreprises qu'en appui « de fonds privés ». La BPI avait précisé mercredi à l'AFP que la décision de ne pas investir à Florange ou dans Petroplus était due au « fait qu'aucun repreneur privé » n'y avait investi et qu'elle ne peut intervenir qu'en qualité de co-investisseur au côté d'un repreneur privé.

Le bilan du premier trimestre d'activité présenté à la presse par Mme Royal et M. Dufourcq fait état d'un « apport de 630 millions d'euros supplémentaires injectés dans l'économie » depuis le début de l'année (chiffres au 18 avril). Sur cette somme, 455,7 millions concernent le préfinancement du Crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE), déjà accordés ou en cours d'étude ou de demande.

A ces nouveaux produits s'ajoutent les financements traditionnels de BPI financement (ex-Oseo), avec entre autres 1,7 md EUR de crédits garantis. La seconde branche de la banque, BPI investissement, a pour sa part investi pour 300 millions d'euros au 1e trimestre avec pour objectif un investissement direct annuel de 1,3 milliard.

La nouvelle banque, premier des 60 engagements électoraux du président François Hollande, a été créée par une loi adoptée fin 2012 et disposera d'une force de frappe de 42 milliards d'euros. Cette somme doit lui permettre de prêter aux entreprises, allant des très petites à celles de taille intermédiaire en mal de trésorerie, de garantir des prêts accordés par le secteur privé et également d'investir dans des sociétés.