Dans le contexte actuel de repli de la rémunération des fonds en euros, certains assureurs s’en sortent mieux que d’autres, et les écarts de rendement au niveau du marché tendent à s’accroître. Le point sur les différentes stratégies possibles.

Rien ne semble pouvoir arrêter la baisse des rendements des fonds en euros. Après 3% en 2011, la moyenne est de l’ordre de 2,85% (1) pour 2012. Et l’année 2013 ne devrait pas contredire cette tendance. Pourtant, dans ce contexte défavorable, certains assureurs parviennent, mieux que d’autres, à maintenir, voire améliorer, le rendement de leurs fonds.

Outre la gestion financière du fonds en euros, la Provision pour participation aux excédents (PPE) (2) explique ces écarts de rendements entre les assureurs. La plupart d’entre eux l’utilisent pour lisser dans le temps les rendements de leurs fonds en euros. Un bon niveau de PPE contribue ainsi à maintenir un rendement attractif pour les années à venir. Mais ce critère peut être difficile à prendre en compte par les épargnants. En effet, les compagnies communiquent généralement peu sur leur PPE.

« L’utilisation de la PPE est très différente selon les assureurs. Certains ont ainsi fait le choix de ne pas en avoir, alors que d’autres l’alimentent régulièrement pour pouvoir conserver du rendement en cas de coup dur les prochaines années et ainsi rassurer les épargnants », explique Corinne Jehl, actuaire et practice leader Épargne chez Optimind Winter.

Une PPE moyenne de l’ordre de 1,50 à 1,60 pt fin 2012

Certains acteurs du marché, comme l’association d’épargnants Afer, ont ainsi fait le choix de distribuer chaque année l’intégralité du rendement à leurs assurés. Mais en 2012, les assureurs vie ont, en général, plutôt doté leur PPE. Une manière de compenser l’année 2011, où ils avaient consommé en moyenne 0,65 point de rendement, du fait notamment du coût de la restructuration de la dette grecque.

« En 2012, les assureurs vie ont rechargé leur PPE. Le faible niveau de la collecte nette a provoqué une dilution des obligations en portefeuille. Cela a été favorable au rendement, d’autant plus que les marchés financiers étaient à la hausse. Les assureurs ont ainsi dégagé des rendements qui leur ont permis de constituer leur PPE », indique Cyrille Chartier-Kastler, président du cabinet de conseil Facts & Figures et du site Good Value for Money (GVFM), qui évalue le rechargement moyen probable de la PPE entre 0,30 et 0,50 point de rendement en 2012. « Les compagnies qui font le choix de ne pas constituer de PPE ont elles pu fortement augmenter les rendements servis en 2012 ».

Selon GVFM, qui a étudié les données d’une vingtaine d’assureurs vie, les acteurs qui disposaient du plus de PPE par rapport à leur encours à fin 2011 (les données 2012 ne sont pas encore connues) sont e-Cie Vie (142 millions d’euros, soit 3,4% de l’encours), Generali Vie (1,646 milliard, soit 2,79% de l’encours), Neuflize Vie (126 millions représentant 2,49% de l’encours) et Axa France (1,833 milliard, soit 2,36% de l’encours). En queue de peloton de ce classement figurent Unofi Assurances (0,20% de l’encours), MMA Vie (0,26%) et Predica (0,51%). Au final, la provision moyenne était ainsi de l’ordre de 1,50 à 1,60 point de rendement fin 2012, estime GVFM.

Vers une diversification accrue des actifs du fonds en euros

Le niveau important de PPE en stock chez les assureurs pourrait se révéler très utile en 2013. « Si la collecte nette d’assurance vie est positive en 2013, les assureurs auront des flux assez importants à investir alors que sur le plan financier, cela pourrait être très complexe », souligne Cyrille Chartier-Kastler. En cause notamment, le niveau extrêmement bas des OAT (Obligations assimilables du Trésor). Les fonds en euros restent en effet très largement investis en obligations d’Etat, souvent françaises. « Cela n’améliore pas le rendement, vu le niveau des OAT françaises, mais permet de limiter le risque », souligne Sonia Fendler, directrice Epargne chez Generali Patrimoine.

Pour tenter de dynamiser leurs rendements, les assureurs privilégient donc la diversification. « Les assureurs détiennent une grande partie d’obligations d’Etats pour pouvoir répondre à la garantie en capital à tout moment du fonds en euros. Mais certains diversifient leurs fonds en misant sur une plus grande part en actions, pour tenter d’augmenter les performances », détaille Corinne Jehl. Generali Patrimoine, AG2R La Mondiale ou Spirica ont déjà lancé leurs propres fonds euros dynamiques, qui comportent une poche actions (jusqu’à 30%). « Le taux de rendement peut être nul certaines années, mais il ne peut y avoir de perte de capital », souligne Sonia Fendler. Autre piste de diversification : l’immobilier. Les actifs basés sur l’immobilier d’entreprises et de bureaux sont ainsi particulièrement plébiscités.

(1) Nets de frais mais avant prélèvements sociaux.

(2) La PPE est constituée d’une partie de la participation aux bénéfices. Elle sert de variable d’ajustement des taux de rendement des fonds en euros dans le temps. Elle appartient collectivement aux assurés et doit leur être restituée dans les huit ans.