Pour la première fois, l’assurance-vie a connu en 2012 une collecte nette négative de 3,4 milliards d’euros. Un « phénomène très important, mais à lire avec nuance », estime toutefois Bernard Spitz, le président de la FFSA (Fédération française des sociétés d’assurance), qui présentait ce matin son bilan annuel.

114,2 milliards d’euros de cotisations (en baisse de 8% par rapport à 2011) contre 117,6 milliards de prestations (+1%) : 2012 restera, selon la FFSA, une année « hors norme », la première au cours de laquelle l’assurance vie, le produit d’épargne favori des Français - 1.391 milliards d’euros d’encours fin 2012, tout de même - aura connu une collecte négative.

Pour la FFSA, cette moindre attractivité de l’assurance-vie en euros n’est pourtant pas liée à un moindre rendement. L’association a ainsi pointé les bonnes performances des unités de comptes (12,5% de rendement moyen en 2012, selon elle) et la baisse très modérée du rendement des fonds euros : plutôt optimiste, elle s’attend à un taux moyen de 2,9% en 2012, contre 3% en 2011. Son président Bernard Spitz explique plutôt le phénomène par « un attentisme général, un besoin de liquidités pour certains, la prudence face à l’incertitude de l’environnement fiscal (…) et la concurrence suscitée par le relèvement des plafonds du Livret A et du LDD ».

Les chiffres sont là : en 2010, l’assurance vie attirait presque dix fois plus d’épargne que l’ensemble Livret A/LDD (51,1 milliards d’euros contre 5,6 milliards). Deux ans plus tard, c’est l’inverse : tandis que l’assurance vie subissait une collecte négative de 3,4 milliards, le Livret A et le LDD ont capté 49,2 milliards d’euros en 2012. « Cette préférence donnée au court terme coûte cher au contribuable », estime Bernard Spitz. « Un euro investi dans le Livret A revient quatre fois plus cher au budget qu’un euro investi dans l’assurance vie ».

Pas touche à la fiscalité

Alors que deux parlementaires PS, Karine Berger et Dominique Lefebvre, planchent actuellement sur une réforme du financement de l’économie par l’épargne, la FFSA a ainsi rappelé le poids incontournable de l’assurance dans ce domaine. Selon les chiffres communiqués, les assureurs ont investi en 2012 470 milliards d’euros dans les entreprises françaises, dont 42 milliards dans les PME et les ETI (entreprises de taille intermédiaires), sous forme d’obligations (268 milliards, 32% du total investi par les résidents) ou d’actions (184 milliards). Ils sont également les premiers créanciers domestiques de l’Etat.

« Il est capital de réorienter l’épargne des ménages vers l’épargne longue, notamment en conservant son attrait fiscal à l’assurance vie », a donc plaidé Bernard Spitz. « Pour ce faire, l’assurance-vie doit bénéficier d’une certaine stabilité fiscale et réglementaire afin de conserver la confiance des épargnants. » Le message est passé.