Echaudés par la crise, les épargnants privilégient la sécurité. Le fonds en euros classique des contrats d’assurance vie reste une valeur sûre. Néanmoins, de nouveaux supports gagnent du terrain, tels que les fonds « euros dynamiques ».

L’assurance-vie a de moins en moins la cote auprès des épargnants comme en atteste la décollecte nette de 5,1 milliards d’euros sur les neuf premiers mois de l’année 2012. Elle reste néanmoins le placement financier préféré des ménages, totalisant 1.373 milliards d’euros d’encours à fin septembre 2012.

Parmi les raisons de ce désamour, la baisse continue des rendements au cours de ces dernières années. Certes, le rendement moyen du fonds en euros devrait rester stable en 2012, à environ 3% net, s’accordent à dire les professionnels du secteur. Mais ce taux, net des prélèvements sociaux, est à peine plus élevé que celui du Livret A (2,25%).

Dans ce contexte, quelles solutions privilégier pour espérer obtenir un rendement plus important, tout en prenant un risque limité ? L’une des solutions est d’intégrer davantage d’unités de compte dans le contrat multisupport, en utilisant des options de gestion automatiques comme le stop loss (ordre de vente à partir d’un certain seuil pour limiter les pertes). Mais le rendement et le capital ne sont alors pas garantis. « Il n’existe pas de solution garantissant un rendement systématiquement supérieur au fonds en euros, sans prise de risque supérieure » rappelle Tristan Palerm, actuaire, senior manager chez Optimind Winter.

Les fonds « dynamiques », une stratégie intermédiaire

Autre solution, les fonds euros « dynamiques », aussi appelés « fonds actifs », ou gestion à coussin. Ces supports comprennent une part de fonds en euros classique, ainsi qu’une poche actions (jusqu’à 20%–30%). « C’est une stratégie intermédiaire qui peut être intéressante mais il faut quand même se garder des présentations commerciales » estime Tristan Palerm. « Il y aura des performances intéressantes les bonnes années au prix d’un rendement à la traîne par rapport au fonds en euros, les années difficiles ».

Sur ce créneau sont présents quelques acteurs comme AG2R La Mondiale, qui propose le fonds Eurocit’. La société de courtage Nortia a également développé ces fonds avec trois assureurs -Spirica, Assurance Epargne Pension, et La Mondiale Partenaire (filiale d’AG2R La Mondiale) -. « En 2011, la performance de ces fonds oscillait entre 0,3% et 0,9% en net, contre 5% à 6% en 2009 et 2010. L’année 2012 s’annonce plutôt bien. Ces rendements devraient ainsi être supérieurs au fonds euros traditionnel », détaille Philippe Parguey, directeur commercial chez Nortia.

Les fonds structurés, souvent mis en place par des cabinets de CGPI avec des gestionnaires d’actifs, proposent quant à eux un mécanisme de revalorisation et peuvent comporter une garantie en capital. « Si c’est le cas, la rentabilité est alors très faible », nuance toutefois Daniel Collignon, directeur général de Spirica, filiale de Crédit Agricole Assurances. Néanmoins, « dans le cadre d’un contrat classique, ces fonds peuvent représenter une alternative très intéressante et sans avoir le blocage à long terme d’un euro diversifié, ni la tarification très forte d’un variable annuities (1) », estime de son côté Tristan Palerm.

Des contrats en euros diversifiés peu répandus

Les contrats en euros diversifiés, créés en 2005, restent assez peu répandus sur le marché. Ces fonds, dans leur version « non rachetable », ont perdu une partie de leur attrait en 2010, avec la suppression par Bercy de leur exonération de l’ISF.

Parmi les rares acteurs qui ont investi ce secteur, AG2R La Mondiale et BNP Paribas. Si le contrat de l’assureur cible une clientèle très aisée, celui de la banque est diffusé à grande échelle (environ 200 millions d’euros d’encours). « L’idée des pouvoirs publics en lançant ce type de contrat était de trouver un support hybride qui soit en valeur de marché – comme une unité de compte – mais qui porte des garanties comme le fonds en euros », rappelle Jean-Pierre Diaz, responsable des produits d’épargne et de prévoyance France chez BNP Paribas Cardif.

« La garantie en capital n’intervient pas à tout moment mais au terme du contrat », détaille Serge Moreno, responsable marketing patrimonial chez AG2R La Mondiale. « Une partie de l’investissement porte sur des supports obligations - et non pas sur le fonds en euros -, l’objectif étant la garantie en capital au terme. L’autre partie porte sur des supports plus dynamiques comme des OPCVM actions. La durée de détention plus longue permet une gestion plus dynamique et de rechercher un complément de performance ». Le client choisit l’échéance de son contrat - à partir de huit ans - ainsi que le niveau de garantie (par exemple, 90% du capital garantis).

Vers une diversification des fonds en euros

« Le marché va être marqué par une diversification des fonds en euros », pronostique Daniel Collignon. En cause, les contraintes générées par la prochaine réforme Solvabilité II (2) qui conduit les assureurs à diminuer fortement la part d’actions et d’immobilier de ces fonds, trop coûteux en fonds propres.

« Autres types de nouveaux fonds en euros, ceux avec une orientation immobilière, directe ou indirecte (pierre-papier, SCPI). L’idée est d’offrir une rentabilité qui sera comprise entre 3,80% et 4,10% en 2012 », précise Daniel Collignon. Par ailleurs, une nouvelle tendance devrait émerger, des fonds en euros moins « liquides » assortis de contreparties, par exemple, de pénalités en cas de rachat anticipé.

(1) Contrats à annuités variables, qui s’inscrivent dans le cadre de la préparation de la retraite.

(2) Réforme réglementaire européenne du secteur des assurances, équivalent de Bâle III pour les banques qui pénaliserait, selon certains observateurs, les investissements de long-terme, en actions ou en immobilier.