Malgré des taux toujours proches de leur plus-bas historique, la production de nouveaux crédits en septembre reste en repli de plus de 30% sur un an. Le niveau des prix et l’attente de nouveaux dispositifs gouvernementaux expliquent largement ce paradoxe.

En septembre, le courtier ACE constate toujours une baisse des meilleurs taux fixes accordés, toutes régions confondues : 2,70% (–0,20 pt par rapport à août) pour un prêt sur 10 ans, 2,96% (–0,14 pt) sur 15 ans, 3,20% (–0,10 pt) sur 20 ans et enfin 3,40% (–0,40 pt) sur 25 ans.

Autre courtier proposant chaque mois un état du marché, Empruntis observe également ce repli des taux minimum. Ces derniers servent en effet de produits d’appel pour les banques souhaitant attirer de « nouveaux clients dont les revenus seront domiciliés grâce au prêt immobilier », explique Maël Bernier, sa porte-parole. Les taux du marché, par contre, tendent à se stabiliser. C’est le cas notamment pour les taux moyens des crédits sur 20 ans (3,80%), sur 25 ans (4,25%) et sur 30 ans (4,65%), tous inchangés par rapport au début du mois de septembre

Production en berne

Malgré ce contexte favorable aux emprunteurs, le paradoxe des derniers mois reste d’actualité. La production de nouveaux crédits immobiliers poursuit en effet sa baisse. L’Observatoire Crédit Logement/CSA - qui s’appuie sur l’analyse d’un tiers du marché environ - constate qu’en septembre, « le total des prêts accordés était ainsi (…) en recul de 26,2% en rythme annuel, contre +14,8 % en 2011 à la même époque. »

Le mois de septembre, durant lequel « le marché retrouve [habituellement] de la vigueur » n’a pas permis d’enrayer la tendance : −5,4% par rapport à août. » Sur les trois premiers trimestres 2012, la contraction du marché par rapport à 2011 atteint ainsi 31,9 %.

Statu quo d’ici 2013 ?

Comment comprendre une telle chute dans un contexte de taux bas ? Joël Boumendil, patron d’ACE, tente une explication. « De mois en mois, l’équation reste identique : le prix élevé de l’immobilier, maintenu par la rareté des produits, est en décalage avec la capacité d’emprunt des acquéreurs », constate-t-il en introduction de son baromètre mensuel. « Les accédants hésitent également à se lancer en attendant les mesures de Cécile Duflot (…). De même, les investisseurs, qui représentent une part importante des emprunteurs, attendent beaucoup des prochaines mesures fiscales. »

Le gouvernement détient-il les clés du déblocage du marché du crédit immobilier ? Réponse en 2013. En attendant, Empruntis parie sur le statu quo jusqu’à la fin de l’année, sauf accident : « Les OAT (titres de dettes de l’Etat, NDLR) restent très basses, à 2,20%, mais une défaillance d’un pays de la zone euro pourrait provoquer une panique sur les marchés et contraindre les banques à augmenter leurs taux de crédits. »