9,9 millions de téléspectateurs ont suivi hier le discours de François Hollande sur TF1. Les politiques n’ont pas manqué le rendez-vous et les réactions s’enchaînent depuis ce matin. Le PS salue les mesures annoncées alors qu’à droite et aux extrêmes, les critiques fusent.

A droite

L’ancien Premier Ministre et actuel député UMP de Paris, François Fillon, a estimé sur Europe 1 que le Président François Hollande était « un peu aux abois ». Il a fortement critiqué le slogan de campagne du président élu « le changement, c’est maintenant » : c’est « pour dans deux ans et ce n'est pas un changement parce que ce que François Hollande a annoncé ne peut conduire qu'à l'augmentation du chômage et des difficultés des Français ». « Dans deux ans, on sera dans une situation - si rien ne change - bien plus mauvaise encore qu'aujourd'hui ».

Sur RTL, Jean-François Copé, le secrétaire général de l’UMP, a accusé de son côté François Hollande de « tromper gravement les Français ». « Il veut faire croire aux Français qu'en faisant des augmentations massives d'impôts, il (va) résoudre les problèmes économiques de notre pays (...) J'ai été ministre du Budget pendant trois ans, j'en ai retenu une leçon, c'est que la réduction des déficits, ça commence par la baisse des dépenses publiques, pas par les hausses massives d'impôts ».

Pour Eric Ciotti, député UMP, François Hollande « n’a pas pris la mesure de la situation économique ». « Chaque jour, le président de la République, ou son gouvernement, annoncent la convocation d'une nouvelle commission, d'une concertation publique, d'un rapport, d'un agenda... Mais chaque jour qui passe aggrave un peu plus la situation de notre pays et des Français faute de vraies réformes ».

L’inquiétude est grande pour Xavier Bertrand, député UMP, après cette intervention télévisée de François Hollande : « Ce ne sont pas les plus riches qui vont payer cette facture, c'est l'ensemble des Français et notamment les classes moyennes ». « Le vrai courage, ce n'est pas d'augmenter les impôts. Ça, tout le monde sait le faire. Le vrai courage, c'est de baisser les dépenses ».

A gauche

Michel Sapin a salué, sur France 2, les déclarations de François Hollande. Le ministre du Travail a affirmé que la politique annoncée était une « politique de sérieux budgétaire, de redressement des comptes et en même temps de priorités dans les domaines de l’éducation, de l’emploi ou de la sécurité ». Selon lui, « le système dit de l'austérité c'est quand on tape tout le monde, lorsqu'on augmente la TVA, comme voulait le faire Nicolas Sarkozy, lorsqu'on augmente l'impôt des plus faibles des Français ». « Ce n'est pas ce qui va être fait là, puisqu'il y a de la justice sociale ».

La première secrétaire du Parti Socialiste, Martine Aubry, a entendu un président « à la hauteur des responsabilités historiques qui sont les siennes ». « La présidence Hollande, c'est un cap clair -le redressement dans la justice -, un calendrier méthodique et ambitieux, et la mobilisation de la société ».

Jean-Michel Baylet et les Radicaux de gauche « se félicitent que [François Hollande] ait réaffirmé ses priorités pour l'éducation, la sécurité et la justice, tout en engageant la France dans un effort historique pour trouver 30 milliards d'économies ».

A l’extrême-gauche

Le coprésident du Parti de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, a fortement critiqué sur Europe 1 l’agenda de redressement de François Hollande. Pour l’ex-candidat à la présidentielle, « le pays va entrer en récession ». « Une politique d'austérité en France - 30 milliards d'euros retirés de la circulation économique du pays ! - c'est nécessairement, obligatoirement, absolument, l'enlisement ».

Pour Olivier Besancenot, du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), François Hollande va de plus en plus vers « son côté libéral, c’est son penchant naturel ». L’ex-candidat à l’Elysée juge le plan du Président de la République comme une « petite musique qui consiste à dire : on va demander des efforts répartis entre tous. Sauf que, quand vous avez 10 milliards pour l'Etat, ça veut dire concrètement moins de services publics, notamment dans des domaines essentiels » comme « la santé ».

A l’extrême-droite

Sur France Info, Marine Le Pen, la présidente du Front National, a critiqué les « mesurettes » d’une « impuissance molle » : « Il m'est apparu un président totalement impuissant, exprimant des désirs en matière de croissance, quelque mesurettes qui d'ailleurs viennent quasiment de l'ère Mitterrand, c'est presque préhistorique mais il a affirmé en revanche qu'il allait ponctionner 33 milliards (...) sur les classes moyennes évidemment par l'intermédiaire de la CSG, sur les PME, PMI ».