A compter du 1er septembre, la Banque Postale va avancer de plusieurs jours la date d’échéance du prélèvement mensuel des paiements effectués avec une carte bancaire à débit différé. Clients, associations de consommateurs et syndicats s’indignent.

En pleine refonte de sa grille tarifaire, la Banque Postale avait déjà soulevé deux salves de critiques ces derniers mois. La première concernait le projet, finalement repoussé à 2013, de facturer 35 euros de frais pour les comptes restés inactifs pendant toute une année. La seconde était liée au choix de la Banque Postale de facturer, à partir du 1er septembre 2012, les retraits effectués hors de son réseau de DAB, au-delà d’une franchise mensuelle de 5.

Cette fois, la polémique, révélée par un article du Figaro, concerne le changement de la date d’échéance du débit différé, utilisé par certains clients pour leurs paiements par carte, moyennant un surcroît annuel de cotisation de 5,50 euros. Jusqu’ici, le montant de ces achats était débité le 5 du mois suivant. A compter du 1er septembre prochain, ce débit sera avancé au dernier jour ouvrable du mois en cours. La Banque Postale a déjà commencé à avertir les clients concernés par courrier.

La fin de la « banque sociale » ?

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la mesure passe mal. Dans le Figaro, l’Association française des usagers de banque (Afub) affirme avoir reçu, en une semaine, plus de 250 plaintes de clients qui craignent des découverts et des refus de prélèvements. L’association les encourage à refuser, par un courrier envoyé à la banque, cette modification de leur convention de compte.

La Banque Postale, de son côté, tente de désamorcer les critiques. Elle a ainsi indiqué au Figaro que cette modification ne concernait que 5% de ses clients, dont 90% touchent, « selon une étude », leurs salaires avant le 30 du mois. Elle explique également vouloir aider ces clients « à mieux contrôler et gérer leur trésorerie en visualisant leurs dépenses et leurs revenus sur un même mois ».

Sud-PTT n’est pas de cet avis. Dans un communiqué, le syndicat estime surtout que ce changement va permettre à la banque de récupérer « plusieurs millions d’euros de trésorerie en gagnant de cinq jours à une semaine sur les débits ». Il regrette également que la spécificité de la Banque Postale, dépositaire d’une mission de service public, soit en train de s’estomper : « Nous sommes loin de l’image de banque pas comme les autres, animée des valeurs postales de proximité et de service au plus grand nombre. (…) L’Etat [propriétaire unique de la banque, NDLR] aurait tout intérêt à s’inquiéter de l’empressement des patrons des services financiers de La Poste à se débarrasser de leurs missions de banque sociale. »