Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a prononcé cet après-midi, face à l’Assemblée nationale, son discours de politique générale. Croissance, réforme fiscale, redressement productif : retour sur ses principaux enseignements.

La croissance pour 2012 et 2013 révisée à la baisse

« Nous avions anticipé pendant la campagne la faiblesse de la croissance en 2012 : estimée à 0,7% par le précédent gouvernement précédent, elle sera en réalité de 0,3% », a déclaré Jean-Marc Ayrault en début de discours. Cette nouvelle prévision est également légèrement inférieure à celle du programme économique du candidat François Hollande, bâti sur une hypothèse de croissance de 0,4%.

Pour 2013, « le prudence et la sincérité nous conduisent à anticiper une croissance de l’ordre de 1,2% » contre 1,7% attendu jusqu’ici.

L’ISF réactivé, la TVA sociale abrogée

Le Premier ministre a détaillé le projet de loi de finances rectificatif pour 2012, qui sera examiné mercredi en Conseil des ministres. Ce collectif budgétaire « reviendra sur l’allègement incompréhensible de l’ISF (impôt de solidarité sur la fortune) et des droits sur les grosses successions (et) le bouclier fiscal », a-t-il confirmé. Sans surprise, le texte supprimera « l’exonération des heures supplémentaires dans les entreprises de plus de 20 salariés qui décourage la création de nouveaux emplois, et mettra à contribution les grandes entreprises, notamment bancaires et pétrolières ».

« Les classes populaires et les classes moyennes seront épargnées, puisque sera abrogée la hausse de la TVA (la « TVA sociale », ndlr) programmée pour octobre par le précédent gouvernement, tandis que la TVA sur le livre et le spectacle vivant repassera à 5,5% », a également réaffirmé le chef du gouvernement.

Après cette « première étape », un second volet de réformes interviendra « à l’automne, dans le cadre du projet de loi de finances pour 2013 ».

L’objectif 0 déficit en 2017 maintenu

« La maîtrise des dépenses est indispensable, elle ne sera pas suffisante », a de nouveau averti le Jean-Marc Ayrault, réaffirmant que « de nouvelles recettes fiscales seraient mobilisées ». Elle viseront, a-t-il souligné, « ceux qui jusqu’ici ont été exonérés de l’effort collectif » tandis que « l’impôt sur le revenu sera rendu plus juste, plus progressif et plus compréhensible » et que les « niches fiscales » seront « plafonnées ».

« Pour les plus riches, une nouvelle tranche d’imposition à 45% sera créée » et « pour les revenus annuels supérieurs à un million d’euros, une imposition à 75% sera instaurée », a-t-il ajouté, consacrant une des promesses de campagne de François Hollande. Ainsi, selon lui, « les revenus du capital seront imposés au même niveau que ceux du travail ».

« L’ensemble de notre stratégie sera fixée dans le cadre d’une loi de programmation des dépenses publiques, qui couvrira les cinq années de cette législature », a souligné le chef du gouvernement. « Cette loi nous engagera sur un retour à l’équilibre à l’horizon 2017, en faisant la part des efforts demandés à chacun : Etat, sécurité sociale et collectivités locales ».

Avant son élection, le président François Hollande s’était engagé à ramener le déficit public de 5,2% du produit intérieur brut l’an dernier à 4,5% cette année, 3% en 2013 et 0% à la fin du quinquennat.

Pacte de croissance industrielle

Déterminé à mettre un terme au « décrochage » industriel de la France, le Premier ministre a proposé un « pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi ». Ce pacte « sera au cœur de la conférence sociale » organisée les 9 et 10 juillet avec les partenaires sociaux, associations et collectivités territoriales.

Jean-Marc Ayrault a expliqué que son gouvernement mènerait le « combat » de la croissance en France en menant une politique de « redressement productif », en même temps qu’il se battra, sur le « front européen », pour une « réorientation de la politique de l’Union ».

Ce redressement productif concernera « tous les secteurs économiques : les services, l’industrie, l’agriculture et l’industrie agroalimentaire, l’économie maritime, le tourisme et la culture, l’économie numérique, la recherche, l’économie sociale et solidaire ».