Dans un entretien au Monde daté de jeudi, le directeur général de BNP Paribas, Jean-Laurent Bonnafé, estime que les banques ont besoin d'un cadre nouveau, qui pourrait être concrétisé par la loi de séparation des activités des banques annoncée par le nouveau président François Hollande.

« Il faut un cadre nouveau, pour tourner définitivement la page », considère le patron opérationnel de la banque dans cette interview. « C'est à cette condition que les banques pourront restaurer leur image ». François Hollande a en effet inscrit dans son programme la « séparation des activités de dépôt et des activités spéculatives », qui doit prendre la forme d'une loi votée lors de la session extraordinaire du Parlement, prévue entre le 3 juillet et le 2 août. « A la faveur de cette nouvelle réglementation, il sera possible de recréer un consensus entre l'opinion publique, les banques et leurs clients », veut croire Bonnafé.

Proche de la loi Volcker

« Les Etats-Unis avec la règle Volcker, le Royaume-Uni avec la réforme Vickers, proposent des réponses qui leur sont propres. La France adoptera un cadre qui lui correspond », anticipe le directeur général de BNP Paribas. La règle Volcker se rapproche, dans l'esprit, de ce que souhaite mettre en place François Hollande, en ce qu'elle entend interdire aux banques le trading pour compte propre, c'est-à-dire la spéculation avec l'argent de la banque. La réforme Vickers entend elle séparer les activités de banque de détail et les activités de marché, pour protéger les dépôts des épargnants.

Pour Jean-Laurent Bonnafé, le récent incident qui a valu à la banque américaine JPMorgan Chase une perte de 2 milliards de dollars au moins, liée à un pari perdu sur des produits financiers dérivés, « souligne la nécessité de parachever la réforme réglementaire. (...) Nous partageons cette idée de finaliser l'évolution de la réglementation bancaire, en s'attachant à ce que les dépôts soient bien gérés en toute sécurité dans les établissements et que leur mobilisation serve effectivement le développement de l'économie, et contribue à la création d'emplois ».

« Nous comprenons que la future loi bancaire fera l'objet d'une concertation avec le secteur et devrait tenir compte de la réflexion engagée sur ce sujet par la Commission européenne », explique enfin Jean-Laurent Bonnafé.  Le commissaire européen au marché intérieur, Michel Barnier, a missionné le gouverneur de la Banque de Finlande Erkki Liikanen pour mener une réflexion sur l'éventuelle séparation des activités des banques. Il doit rendre ses conclusions au second semestre.