La Société Générale a demandé mercredi au tribunal de grande instance de Paris de sanctionner « lourdement » le site internet ElectronLibre pour avoir, en pleine crise bancaire, écrit qu'elle était un établissement non crédible et insolvable.

Les faits remontent au 7 septembre. A 15h58, le site ElectronLibre, édité par la société El Publishing et dirigé par Emmanuel Torregano, avait publié une brève intitulée « Exclusif: la Société Générale écartée du marché interbancaire ». Le site poursuivait en affirmant que « selon un dirigeant d'une grande banque française, les banques ne prêtent plus à la Société Générale sur le marché interbancaire ».

« Un mensonge absolu »

La Société générale est « une banque qui, on ne sait pourquoi, est particulièrement visée par les rumeurs », a regretté mercredi son avocat, Jean-Yves Dupeux, tout en relevant « l'effet multiplicateur formidable » d'internet. « Se voir exclu du marché interbancaire, a-t-il expliqué, voudrait dire que du jour au lendemain une banque se trouve totalement à court de liquidités ou alors qu'elle est obligée d'aller emprunter sur d'autres marchés avec des taux beaucoup plus élevés ».

Dans un tel cas, « au bout d'un mois, il n'y a plus de Société générale. Mais vous imaginez la force d'une information comme celle-ci ! » « La Société Générale n'a pas été exclue du marché interbancaire, a-t-il martelé. D'ailleurs si cela avait été le cas, aujourd'hui elle n'existerait plus. (...) C'est un mensonge absolu ».

L'avocat a demandé au tribunal de « sanctionner lourdement » cette « atteinte cataclysmique à la réputation de la banque ». Il réclame 100.000 euros.

« C'est la vérité »

L'avocate du site, elle, a justifié une telle brève. La SocGen, a rappelé Me Hasna Boulet, est la banque « dont l'action a le plus chuté » entre juillet et septembre 2001. Il était donc « légitime de s'intéresser à la situation de la Société Générale », car c'est la banque « qui avait le plus prêté à la Grèce et se trouvait naturellement plus exposée ».

« Elle s'est trouvée en difficulté, elle s'est trouvée écartée du marché interbancaire et ça c'est la vérité », a asséné l'avocate, tout en faisant remarquer que l'article n'avait « jamais dit que c'était la seule banque française à avoir ces difficultés ». D'ailleurs, a-t-elle noté, mi-septembre, la Société Générale a été « la première à reconnaître (...) qu'elle avait des problèmes de liquidités ».

Décision le 30 novembre.