L’année 2009 a vu la multiplication des applications iPhone éditées par les principales banques françaises. Doit-on y voir une révolution de la relation clients-banques ? Ou ces applications sont-elles de simples gadgets publicitaires ? Nous avons analysé le phénomène et décortiqué les applications Iphone actuellement disponibles.

iPhone : un « écosystème » incontournable

A l’origine du « mariage » entre l'iPhone et les banques, on trouve deux phénomènes convergents : d’un côté, le succès croissant des services bancaires sur internet, de l’autre la généralisation des smartphones, au premier rang desquels l’iPhone.

Comme l’a montré une étude réalisée par le Credoc en décembre 2009, internet est devenu le canal privilégié par les Français pour contacter leur banque, avant même la visite en agence ou le téléphone. D’après la même étude, un Français sur deux consulte déjà ses comptes sur internet.

Les Français sont aussi de plus en plus nombreux à « surfer » grâce à leur téléphone mobile : on estime que ces « mobinautes » sont aujourd’hui entre 10 et 13 millions. Deux causes à cela : le déploiement du réseau 3G, qui assure un débit correct pour les usages mobiles, et la démocratisation des smartphones, ces mobiles à tout faire, souvent équipés de grands écrans permettant une utilisation confortable d’internet. Malgré un coût encore élevé, ces derniers ont représenté, en 2009, 16% des ventes des mobiles.

En France, la star des smartphones s’appelle l’iPhone. Après des débuts timides, le téléphone tactile d’Apple a conquis les Français, qui en ont acheté près de deux millions rien qu’en 2009. Ce succès est aussi celui de l’Appstore, sorte de supermarché en ligne permettant de télécharger et d’installer sur l’Iphone des centaines de milliers d’applications, dont un grand nombre sont gratuites.

Avec 8,5% (fin 2009) du marché du mobile en France, l’« écosystème » iPhone est donc devenu quasiment incontournable, notamment pour les industries de services comme la banque de détail.

Quelles banques pour quelles applications ?

Première surprise : toutes les banques françaises ne sont pas présentes sur l’Appstore. Deux grands réseaux brillent encore par leur absence : la Caisse d’Epargne et LCL. Pas trace, non plus, des banques en ligne Fortunéo, BforBank ou ING Direct. Au final, les banques françaises ayant déjà édité au moins une application sont au nombre de neuf. Les plus actives dans le domaine sont le Crédit Mutuel (six applications en comptant celles des filiales BPE, Cofidis et CIC), monabanq (trois applications) et BNP Paribas (trois applications).

Deuxième surprise : toutes ces applications n'offrent pas ce qu’on serait pourtant en droit d’attendre d’une banque : des services bancaires. La majorité se concentre encore sur des services annexes : localisation des agences et/ou des distributeurs (Distribillet de la Banque Populaire, SPOT de BNP Paribas), gestion de budgets (Les bons compte entre amis de BNP Paribas, MaColoc du Crédit Mutuel, Pocket Budget de Cofidis) et surtout simulation de crédits ou d’épargne (Carnet Immo de la Banque Postale, Kangourou de Finaref, Taux Epargne et Suivi Crédits de monabanq). Mais du côté de la relation clients-banques, pas grand chose : ces applications se contentent le plus souvent d’un simple lien vers les versions mobiles des sites internet des banques.

Au final, les « bons élèves », ceux qui apportent à leur clients de vrais services mobiles (consultation des comptes, virements, échanges de titres..) sont au nombre de cinq : le Crédit Mutuel, Boursorama, Groupama Banque, la Société Générale et le Crédit Agricole.

Pourquoi si peu d’applications de gestion de compte ?

« Parce que cela coûte cher et que ça ne rapporte rien. » Tel est le point de vue de Sébastien Burlet, PDG de Lemon Way, start-up française spécialisée dans le « mobile banking », et concepteur de l’application iPhone de Groupama Banque.

En effet, la mise en oeuvre d’une application conçue comme un canal supplémentaire de relation avec les clients implique des coûts (d’innovation, de sécurisation, de gestion...) que les banques ne sont pas, en général, encore prêtes à supporter. A leur décharge, rien n’indique qu’il existe en France, où le maillage des réseaux bancaires physiques est dense, et les accès internet courants, un usage pour ce type de service.

Dans l’immédiat, elles se contentent donc d’utiliser l’écosystème Iphone comme une simple caisse de résonance, un support marketing. D’où le choix de développer des applications dont les services (simulation de crédits, géolocalisation) ne sont pas uniquement réservés aux clients de la banque.

Mais cela pourrait rapidement changer. « Permettre à un client de consulter ses comptes sur Iphone ne rapporte rien à la banque. Lui permettre de payer par ce biais, par contre, oui » affirme Sébastien Burlet, dont la société s’est spécialisée dans les solutions de paiement par mobile. Le principe : on rentre dans l’application le montant du paiement et le numéro de téléphone du destinataire, et la transaction s’opère automatiquement. Le numéro de téléphone, couplé au code PIN, remplace le RIB. Usages possibles : régler de petites dettes entre amis, payer la baby-sitter ou le taxi, envoyer facilement de l’argent à l’étranger... « Le paiement par mobile ne remplacera pas les espèces ou la carte bleue. C’est un nouveau service qui viendra s’ajouter aux précédents, et qui peut rapporter. »

Sébastien Burlet compte d’ailleurs beaucoup sur ce qu’il appelle la « génération Facebook » pour imposer ce nouvel usage : « Les jeunes ne savent pas ce qu’est un TIP (titre interbancaire de paiement) et n’ont aucune envie de remplir des chèques. Par contre, les mobiles, ils connaissent... »

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