La Société Générale a déposé une plainte pour abus de confiance contre l’administrateur de biens Urbania, à la suite de laquelle le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire. Urbania a vivement démenti ces accusations, dénoncant « une tentative de mise en cause de son indépendance ».

En décembre 2009, la Société Générale a porté plainte contre l’un des principaux administrateurs de biens en France, Urbania, pour demander le remboursement de prêts consentis via une technique financière appelée « compte reflet » qui permet aux syndics d'obtenir des prêts des banques.

Le principe est le suivant : l'argent reçu des copropriétaires par les administrateurs de biens - comme Urbania - pour payer les charges et les travaux, est placé sur des « comptes mandants ». En parallèle, les banques accordent aux syndics des prêts via des « comptes reflets » d'un montant identique. Les sommes déposées par les copropriétaires servent ainsi de garantie à Urbania auprès des banques.

La Société Générale assure avoir demandé en vain courant 2009 à Urbania de rééquilibrer les comptes mandants à la hauteur des comptes reflets, ce que l'administrateur de biens n'a pas fait.

Le préjudice réclamé par la banque s'élève à environ 200 millions d'euros. D'autres banques seraient lésées pour des montants moindres. Suite à la plainte déposée par la Société Générale, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire mi-janvier.

Urbania dément les accusations de la banque

Dans un communiqué, l’administrateur de biens Urbania indique qu’il « dément avec force les accusations de détournement de fonds » et dit vouloir par des actions judiciaires « protéger la réputation et l’image de son réseau » qui comprend 120 cabinets sur toute la France.

Sur les motifs de la plainte, Urbania a affirmé que la Société Générale profitait à l’époque « d'un flux de trésorerie de plus de 2 milliards d'euros, ainsi que de centaines de millions de dépôts et accordait, en contrepartie commerciale, des prêts permanents, permettant ainsi au réseau de développer sa croissance externe ».

Le groupe, dirigé par Michel K Moubayed a par ailleurs affirmé « que la sécurité, l'autonomie et la représentation des fonds de ses clients ne sont pas en cause puisqu'ils sont, comme il se doit, garantis ». Pour Urbania ces clients « ne sont donc pas concernés par un litige avec des partenaires bancaires ».

L'enquête de la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) économique et financière de Paris a été confiée aux policiers de la Brigade financière, selon une source judiciaire.

Remous autour de la santé financière d’Urbania

Urbania gérait, selon les derniers chiffres publiés, 400.000 lots de copropriété et avait réalisé près 16.700 transactions de locations et de ventes en 2008, réalisant un chiffre d'affaires de 134 millions d'euros en 2008. Plus important administrateur de biens à la fin des années 90, Urbania est le successeur de l'Union foncière et financière (UFFI).

Suite à la volonté de la Société Générale de cesser ses relations commerciales avec Urbania, le groupe se trouve actuellement au centre de rumeurs concernant sa situation financière. Son président M. Moubayed affirme qu’il « n’a pas l’obligation de vendre car le groupe n'a pas de problèmes financiers ». M. Moubayed a refusé au cours des derniers mois des propositions de rachat de son entreprise, proposées notamment par le groupe Nexity.