Plusieurs banques islamiques ont pris contact avec la Banque de France (BdF) pour ouvrir des succursales en France. Certaines demandes d'agrément pourraient aboutir dès 2010. En attendant, l'Etat a entrepris d'adapter sa législation et sa fiscalité pour faciliter ces implantations.

« On peut raisonnablement envisager l'agrément pour la première banque islamique en 2010 », a souligné dernièrement Didier Peny, le directeur à la BdF des établissements de crédit et des entreprises d'investissements. La Banque de France a en effet reçu une demande en ce sens. Une autre devrait suivre prochainement. Et une demi-douzaine de contacts supplémentaires ont été pris.

L'Etat lui-même est très favorable à ces implantations, espérant attirer en France les investisseurs du Golfe. Christine Lagarde, la ministre de l'économie, l'avait affirmé haut et fort début juillet : « Nous allons développer sur le plan réglementaire et fiscal tout ce qui est nécessaire pour rendre les activités de finance islamique aussi bienvenues à Paris qu'à Londres et sur d'autres places. »

Depuis, une disposition destinée à permettre l'émission de sukuks (obligations islamiques) a été adoptée par l'Assemblée le 17 septembre.

Des adaptations de la fiscalité française ont également été réalisées pour rendre la finance islamique plus attractive. Celle-ci, pour respecter la loi islamique (charia), qui proscrit l'usure et la spéculation, a en effet recours à des montages spécifiques qui, jusqu'ici, étaient soumis en France à une double imposition.

Manque de standardisation

Par ailleurs, le troisième Sommet de la finance islamique s'est tenu mercredi dernier à Paris, en présence de Christine Lagarde. A cette occasion, une étude a montré que le développement de la finance islamique pâtissait du manque de standardisation des produits proposés.

« Les divergences sur ce qui est compatible avec la charia et le manque de structures prêtes à l'emploi constituent deux obstacles fondamentaux », a expliqué la cellule de recherche du magazine britannique The Economist, à l'origine de l'étude.

« La standardisation va probablement s'améliorer, mais un accord plein et entier sur les principes religieux semble difficile, sinon impossible, à atteindre dans un futur proche en raison notamment des divergences entre la Malaisie et les pays du Golfe. »